Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB oumon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)
Avec leur premier long-métrage, le hongrois Tibor Bánóczki et sa partenaire Sarolta Szabó nous offrent un des meilleurs films d'animation pour adulte vu depuis longtemps.
Tout est en effet formidable dans Sky dôme 2123 : une histoire complexe et profonde, des décors variés et sidérants, des personnages attachants. Le complexe procédé d'animation, qui mélange rotoscopie et animation traditionnelle, est d'abord suprenant puis franchement convaincant.
Nous sommes en 2123 et la ville de Budapest vit intégralement sous un dôme. A 50 ans, chaque être humain se voit transformé en arbre pour le bien de la communauté. En proie à une profonde dépression (elle a perdu son fils), Nora devance l'appel à 32 ans, mais son mari ne l'entend pas ainsi....
Sur cette trame qui mélange habilement préoccupation écologique, drame intime, thriller psychologique et raid movie d'anticipation, le film brode un motif fait de douceur et de splendeur visuelle : on est littéralement happé par chaque station que parcourt notre couple à la recherche d'une introuvable issue.
Sky dome 2123, belle découverte du Festival d'Annecy 2023, est vraiment un film à découvrir. Il mériterait une distribution bien plus large.
Je ne suis pas toujours tendre avec Christopher Nolan, à qui je reproche, pour faire simple, de mettre son extraordinaire virtuosité de réalisateur au service de scénarios inutilement complexes.
Mais ici, il me faut bien admettre que mes reproches habituels ne tiennent pas.
D'abord parce que l'histoire racontée est elle-même compliquée, et que Nolan parvient finalement assez bien à en rendre compte dans ses subtilités scientifiques (la physique à ce niveau-là, ce n'est quand même pas de la tarte) et ses circonvolutions politiques et diplomatiques (les innombrables personnages secondaires sont très bien dessinés).
Peut-être pourrait-on à la limite discuter la nécessité d'avoir mis en place ces deux trames narratives distinctes et leurs caractéristiques un peu apprêtées (noir et blanc / couleurs, "fission"/"fusion"), mais en ce qui me concerne, j'ai trouvé l'idée intéressante : elle donne une épaisseur temporelle supplémentaire à l'épopée scientifique qui nous est contée.
Le deuxième aspect satisfaisant du film est que les délires visuels habituels du Britannique sont ici d'une part plutôt mesurés, et d'autre part mis au service du propos du film, ce qui n'est pas toujours le cas. Il n'est pas inconvenant que la pyrotechnie typiquement nolanienne de certains plans servent à illustrer les prodiges de la physique sub-atomique.
Oppenheimer est une oeuvre dense, complexe et riche en thèmes de nature différente (intime, politique, scientifique, métaphysique). Nolan parvient avec ce film à tenir en haleine son spectateur pendant trois heures autour d'un thème a priori peu avenant : c'est un exploit. Il est servi pour cela par une direction artistique proche de la perfection (la reconstitution de Los Alamos est fantastique) et un casting éblouissant dans lequel Cillian Murphy propose une composition solide, qui lui a d'ailleurs valu l'Oscar qu'il recherchait.
Belle réussite que ce nouveau film de Stéphane Demoustier, qui confirme de film en film une belle finesse d'écriture et de véritables qualités de réalisateur.
Borgo est un polar carcéral tout à fait prenant, dans lequel la réalité corse explose à chaque plan (notamment les relations qui semblent relier directement ou indirectement tous les habitants) et qui est construit sur une idée scénaristique pas forcément originale, mais qui fait ici sont petit effet. Je n'en révélerai évidemment pas la teneur.
Hafsia Herzi, décidément une des meilleures actrices française actuelle, est une nouvelle fois renversante. Opaque et décidée, elle maintient une sorte d'ambiguïté tout au long du film, qui sert admirablement l'intrigue, et fait du personnage de Melissa une sorte de soeur spirituelle du personnage qu'elle interprétait dans Le ravissement.
Le réalisme du film (la prison bien sûr, mais aussi le HLM, le cabanon de plage) est saisissant et rend l'expérience particulièrement immersive.
On est tenu en haleine jusqu'au derniers plans, ce qui n'est pas si courant dans le cinéma français.
Il y a un aspect magique dans le cinéma : celui qui permet à un improbable mélange (esthétique kitsch, trame à suspense, mise en scène à effets, mélange de styles musicaux) d'attirer plus de cinq millions de spectateurs en Italie, pour un film d'époque en noir et blanc, qui dure pratiquement deux heures.
Difficle de justifier d'un strict point de vue critique un tel engouement. Il reste encore demain n'est en effet pas un grand film d'un point de vue mise en scène. Paola Cortellesi y accumule en effet les choix à risque : esthétique d'Amélie Poulain au sortir de la guerre, travellings tape à l'oeil, choix osé de théatralisation pour certaines scènes (la violence du mari envers sa femme chorégraphiée comme une danse).
La réalisatrice (qui est aussi l'actrice principale) flirte donc en permanence avec le mauvais goût, sans vraiment y tomber. Ce qui sauve sa narration tient à mon sens dans deux éléments. Le premier est l'intrication de thématiques diverses, toutes riches et qui entrent subtilement en résonance, donnant une véritable épaisseur au film (l'histoire italienne, les différences de classe, le féminisme, le machisme atavique, les conflits entres générations, les relations familiales, la politique, l'amour).
Le second élément qui emporte tout, c'est l'énergie communicative qui se dégage du film. Les premières scènes en sont un magnifique exemple : la première journée de Delia est haletante, menée tambour battant par un découpage survitaminé et une bande-son entraînante. Il y a dans ce film un plaisir de filmer et de jouer qui est communicatif et qui me semble être la caractéristique de ce qu'on peut trouver de meilleur dans l'art cinématographique : la volonté d'entraîner le spectateur dans une histoire, coûte que coûte.
Rien de véritablement nouveau dans le nouveau film à grand spectacle d'Alex Garland : on y voit des scènes de guerre très réalistes, une troupe de journalistes et photographes de guerre prenant des risques insensés pour obtenir LA bonne photo ou LA bonne interview, et on suit enfin l'apprentissage sur le terrain d'une apprentie photographe.
C'est le cadre dans lequel se déroule le film qui en fait son principal intérêt : les USA en proie à une guerre civile dont on ne comprend à aucun moment les enjeux, des groupes militaires indistincts, un président acculé et impuissant, une atmosphère de déréliction qui se superpose aux images que nous avons habituellement de l'Amérique. Une atmosphère assez proche de celle de The walking dead, dans laquelle l'homme serait un zombie pour l'homme.
Cette production assez originale (la plus grosse du petit studio US qui monte, A24) insinue en creux une question qui taraude le film du début à la fin de façon souterraine : mais qu'est ce donc vraiment qu'être Américain ?
Associé à une direction artistique impressionnante de réalisme et au sens de la mise en scène du réalisateur britannique, cette ligne directrice est finalement agréable et donne un grand spectacle pas très original mais élégant, qui se laisse regarder avec plaisir.
Accessoirement, le casting est très bien aussi : Kirsten Dunst comme d'habitude convaincante, la jeune Cailee Spaeny fraîche à souhait et Wagner Moura spectaculairement musculeux.
Rien n'est vraiment neuf dans Civil war, mais tout y est plaisant.
Dieu sait si j'aime le cinéma d'auteur en général, le cinema japonais en particulier, et enfin celui d'Hamaguchi. C'est bien simple, j'aurais pour ma part donné la Palme d'or en 2021 à Drive my car, un véritable chef d'oeuvre.
Tout cela pour dire que je ne comprends pas l'engouement de la critique pour ce film, à mon avis le moins bon de son auteur, une oeuvre mineure, incomplète et approximative.
Peut-être est-ce parce que sa conception résulte d'une construction autour d'une musique (oeuvre de Eiko Ishibashi) et non d'un scénario que le résultat paraît si peu maîtrisé : on ne comprend pas ce que le film veut dire, au-delà de la gentillette fable écologique (les locaux sont sympas, les promoteurs de la capitale sont des idiots).
La fin du film est catastrophique. En cinq minutes, Hamaguchi parvient à ruiner son oeuvre en nous balançant une suite de plans sans queue ni tête, desquels il est strictement impossible de tirer une interprétation qui tient la route.
Il y a pourtant dans le film par éclair des manifestations sensibles du génie de son réalisateur : la scène d'ouverture magistrale, celle de la voiture dans laquelle on retrouve les talents de dialoguiste d'Hamaguchi, et plus globalement une photographie qui frôle souvent la perfection.
Pour le reste, mes sentiments durant le film ont oscillé entre l'ennui, l'attente, la perplexité, et finalement la déception.
On retrouve dans Goutte d'or les qualités profondément originales qui faisaient toute la valeur de Ni le ciel ni la terre : une réalité prise sur le vif (comme rarement on la voit dans un film de fiction) associée à un sentiment presque évanescent de fantastique, comme si celui-ci existait larvé dans le moindre détail du quotidien.
Karim Leklou excelle dans le rôle de ce voyant arnaqueur sévissant dans le quartier parisien de la Goutte d'or, qui se voit contre son gré embarqué dans un voyage nocturne à la fois onirique, dramatique et profondément ancré dans la réalité du nord-est parisien.
J'ai été pour ma part profondément séduit par la variété des rencontres proposées, et par la sourde poésie qui émane du regard halluciné de Karim Leklou, surpris par l'irruption dans sa vie d'un surnaturel qu'il singeait jusqu'alors avec brio.
Rien de bien original dans ce film islandais, qui semble de prime abord brasser des éléments vus et revus dans de multiples films : la rencontre de deux solitudes, l'arrachement à la terre ancestrale et la confrontation entre la vie en pleine nature et la ville.
La réalisatrice Ninna Pálmadóttir filme sagement l'histoire écrite par son compatriote Runar Runarsson (Sparrows, Echo) de façon sensible, mais disons-le, assez plan-plan. L'évènement principal du film, qui survient dans sa seconde partie, est un peu téléphoné, mais ses conséquences donnent lieu à des scènes habilement écrites et joliment filmées.
Comme le film est très court (1h14, un plaisir !), on n'a pas le temps de s'ennuyer, et j'ai finalement apprécié ce conte moral à l'ambiance délicieusement islandaise (les paysages autour de la ferme sont formidables). Dernier point : le visage de l'acteur Thröstur Leó Gunnarsson est en soi un paysage, magnifique à explorer.
Un petit shoot de plaisir nordique pour ceux qui apprécient les ambiances septentrionales.
A l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film d'animationSky Dome 2123, présenté dans de nombreux festivals, dont Berlin et Annecy, et qui sort le 24 avril.
Pour ce faire :
- répondez à la question suivante : de quelle nationalité sont les deux réalisateur/trice, Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par iciavant le 17 avril 20h
Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB oumon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)
Une étrange malédiction semble frapper Sean Penn à Cannes.
Ces dernières années, à chaque fois que l'acteur américain figure dans un film en compétition, celui-ci s'avère le plus mauvais de la sélection : c'était le cas pour le calamiteux The last face en 2016, puis pour le très médiocre Flag Day en 2021 et enfin pour Black flies en 2023.
Le propos du film est simple, voire simpliste : filmer deux ambulanciers dans l'exercice de leur fonction, en ne négligeant aucun effet gore et en noyant le tout dans un déluge de liquides corporels en tous genres.
Pour assaisonner ce plat rudimentaire, le réalisateur Jean-Stéphane Sauvaire l'enrobe d'une bande-son horripilante, qui surligne maladroitement ce qu'on voit à l'écran : des sons stridents (et trop forts) pour les situations stressantes, des violons pour les séquences faisant appel aux émotions...
Je n'ai jamais été happé par le propos du film, comme cela a pu être le cas pour d'autres films mettant en scène la profession d'ambulancier / urgentiste : je pense notamment au très bon Arythmie de Boris Khlebnikov.
Mais le pire nous attend à la toute fin du film, qui se termine dans une suite de halos rouges enrobant un mélodrame mielleux, d'une vulgarité crasse.
Etonnant film en costume, Le jeu de la reine parvient à donner à une trame historique (le portrait de la dernière femme de Henry VIII, Catherine Parr) une tonalité tout à fait contemporaine, thriller politico-féministe à haute tension, parfois sidérant de réalisme cru.
Nous sommes en effet ici spectateurs d'intrigues autour du pouvoir comparables à celles que l'on a pu voir récemment dans une série comme Succession, sauf qu'ici la moindre faute peut se payer par ... une décapitation.
Alicia Vikander est parfaite en épouse résolue à être plus intelligente que ceux qui la menacent, et Jude Law nous tétanise par son mélange de cruauté désinhibée et de fausse douceur.
Karim Aïnouz confirme ici son nouveau statut de grand cinéaste : Le jeu de la reine parvient à être à la fois beau, intrigant et séduisant. J'ai particulièrement apprécié la direction artistique, la photographie précise et évocatrice d'Hélène Louvart et le découpage alerte du film, qui lui confère une surprenante aura de contemporanéité.
A l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 2 exemplaires du DVD du film du très bon film d'Itsaso Arana,Les filles vont bien.
Pour ce faire :
- répondez à la question suivante : de quel réalisateur espagnol Itsaso Arana est-elle l'actrice fétiche ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par iciavant le 3 avril, 20 h.
Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des deux DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB oumon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).
Ils sont rares les documentaires qui trouvent le chemin des écrans français !
Il est donc très agréable de voir ce très beau film de l'Estonienne Anna Hints sortir en salle, même si c'est dans une configuration de salles extrêmement réduite.
Dans les "saunas sacrés" d'Estonie (qui n'ont rien de religieux au sens classique du terme), les femmes de tous âges et de toutes conditions parlent de tous les sujets qui peuvent les concerner : amour, maladie, violences, viols, mariage, deuil, maternité, avortement.
La caméra de la réalisatrice s'attardent sur les corps des femmes, mais jamais sur leur visage : le film est d'une grande sensualité, jamais inquisitrice ou érotique, mais rendant une sorte d'hommage formel à une féminité éternelle.
De temps à autre les femmes sortent de la cabane/sauna pour se baigner dans l'eau glacée ou uriner, en pleine nature. Ces parenthèses apportent une respiration entre les séquences de conversations, parfois très intenses.
Le sentiment général que procure le film est donc double : d'un côté on vit une immersion dans une réalité estonienne très exotique, de l'autre on a l'impression d'entrer dans un temple dédié à la féminité éternelle.
Ce petit film a tout pour susciter le coup de coeur : une réalisatrice malaisienne (c'est rare), un propos gentiment insolent vis à vis des autorités (religion, pouvoir) et un aspect bricolé sympathique, à la limite du do it yourself.
Son problème, c'est d'arriver après beaucoup de films récents qui ont largement exploré la question de la transformation du corps adolescent : on pense à Grave, au formidable Teddy et au consensuel Le règne animal. Les tentatives maladroites de la réalisatrice Amanda Nell Eu apparaissent du coup un peu vaines : on a l'impression d'avoir déjà vu les mêmes effets cent fois, en beaucoup plus convaincants (les poils et les griffes qui poussent, etc).
Tiger stripes recycle aussi d'autres influences asiatiques sans trouver sa voie propre. On croise ainsi les yeux rouges façon Weerasethakul et d'inquiétants phénomènes de possession qui rappelle le cinéma d'horreur japonais tendance Ring.
Le (petit) intérêt de ce film bric-à-brac réside à mon sens dans sa première partie. Il n'est pas si courant de s'immerger dans la jeunesse d'une société asiatique musulmane au cinéma.
La fin de Tiger stripes est un fourre-tout peu maîtrisé qui tente de mélanger burlesque, critique sociale et effroi. La tentative est ratée, le propos peu subtil et l'impression générale que m'a laissé ce final est celui d'un travail à la fois peu original et bâclé.
Sean Price Williams était jusqu'à présent connu comme directeur de la photographie, ayant travaillé notamment pour les frères Safdie.
Son premier film en tant que réalisateur est une comédie complètement barrée, qu'on appréciera différemment selon sa plus ou moins grande capacité à accepter l'improbable et à apprécier les coq-à-l'âne loufoques.
The sweet east commence par de grossières images de portables relatant un classique voyage scolaire. Il se poursuit par une fête de punks, un séjour chez un personnage inquiétant à tendance fascisante (le toujours parfait Simon Rex), un tournage de western qui finit en massacre, une immersion involontaire dans une communauté religieuse puis dans une organisation terroriste.
Le film ne cherche aucune vraisemblance mais trouve son équilibre dans la véracité psychologique de son héroïne, jouée par une excellente Talia Ryder (Never rarely sometimes always), véritable Candide ou Alice moderne traversant le miroir de l'Amérique contemporaine.
Un film frais, parfois jouissif, qui propose un voyage découverte plein d'inventions dans les marges US.
Le nouveau film du très intellectuel Lisandro Alonso se compose de trois parties fort distinctes.
La première est un vrai-faux western mettant en scène Viggo Mortensen et Chiara Mastroianni, tourné en noir et blanc. Le propos n'a quasiment aucun intérêt, et j'ai supposé que le but de cette ouverture était de montrer comment les Indiens étaient relégués au second plan dans la vision que le cinéma a longtemps proposé.
La seconde partie passe sans transition à l'errance nocturne d'une policière autochtone au Dakota, et du portrait de sa jeune nièce. Cette partie est très belle, distillant une atmosphère oitée (une tempête de neige fait rage) et un sentiment très prenant de contempler ce que la vie peut proposer de plus brut. Il y a dans les images d'Alonso un petit peu de la façon de filmer de Weerasethakul, la magie semblant pouvoir affleurer à tout moment d'images parfois sordides.
La troisième partie nous téléporte en Amérique du Sud, dans la forêt amazonienne, où nous suivons un groupe d'Indiens qui se racontent leur rêve, puis un des protagoniste en particulier, qui s'enfuit pour devenir l'employé d'un chercheur d'or sans scrupule. Cette troisième partie m'a quant à elle fait penser au cinéma de Kelly Reichardt, façon Old joy ou First cow. Je me suis ennuyé ferme, ne percevant que formalisme compassé là où je ressentais, dans la partie précédente, une exaltation sensorielle. Je n'ai pas compris grand-chose à ce que je voyais, jusqu'à un dernier plan aussi beau qu'abscons.
Le tout est très lent, long et conceptuel. Si la démarche est un peu moins prétentieuse que celle d'un Albert Serra ou d'un Bela Tar, elle reste tout de même très exigeante.
Au final, je ne conseille que la seconde partie du film, soit moins de la moitié.
Très belle découverte de la Semaine de la Critique 2024, ce premier film jordanien est absolument captivant.
Inchallah un fils est bâti sur le même modèle que le meilleur du cinéma iranien : un scénario aux petits oignons qui évite tous les pièges, une mise en scène à la fois élégante et discrète, et une interprétation excellente de tous les acteurs et actrices (y compris, et peut-être surtout les rôles secondaires). Ce formidable suspense psychologique respire l'intelligence à tous les niveaux.
Le magnifique personnage principal, joué par l'actrice palestinienne Mouna Hawa, nous captive du premier plan au tout dernier. Nawal devient le temps de deux petites heures notre amie, et même peut-être notre soeur (on a tellement envie de remplacer sa chiffe molle de frère !). On l'admire, on s'inquiète pour elle, elle nous énerve parfois, on a envie de la conseiller : c'est un vrai et beau personnage de femme, comme le cinéma en propose rarement.
Evidemment, le réalisateur Amjad Al Rasheed ne se contente pas de nous offrir un drame familial subtil et délicat, il dresse aussi un tableau tout en nuance de la société jordanienne contemporaine, dont on ne parle finalement jamais en Europe. C'est donc aussi un des mérites du film de nous faire découvrir cette société assez ouverte, dans laquelle la population pratique un islam tolérant qui n'a pas d'équivalent dans la région - même si la condition de la femme n'y est pas, comme le film le montre, satisfaisante.
C'est vraiment le film sympa et efficace à ne pas rater en ce début d'année, il n'y en aura plus beaucoup d'aussi bon avant Cannes.
Pour son premier film, Iris Kaltenbäck frappe fort.
Dès les premières images, l'histoire de Lydia, entrevue depuis le bus conduit par Milos, nous happe.
A quoi peut tenir ce sentiment d'hyper réalité qui nous serre alors la gorge et ne nous quittera plus ? Peut-être à une mise en scène épurée, une photographie un peu grise, un montage au cordeau... mais surtout à l'interprétation magistrale d'Hafsia Herzi. C'est peu dire que cette dernière est de nouveau renversante : tour à tour sage-femme dévouée, jeune femme dépitée au visage marqué, amoureuse décidée, sombre amie soumise à la tentation.
Hafsia Herzi est ici comme un paysage mental qui semble creuser l'écran. Ses tourments affleurent au moindre tremblement, ses gestes sont lourds tant elle est semble lasse de vivre, ses regards obliques aux paupières lourdes nous transpercent.
Autour d'elle, le reste du casting joue une partition parfaite : Alexis Manenti exprime dans son jeu une densité comparable à celle de sa partenaire, alors que Nina Meurisse excelle dans un rôle difficile de copine en proie à une sévère dépression post-partum.
La réalisatrice fait preuve d'une grande maestria quand il s'agit de filmer les émotions (superbe scène finale à l'hôtel) ou les scènes de groupe (la famille de Milos) : il y a du Cassavetes et du Kechiche dans sa façon de filmer frontalement l'expression des sentiments les plus intenses, dans un style qui rappelle certains documentaires.
Une cinéaste dont on entendra à nouveau parler, c'est certain.
Alix Delaporte est une cinéaste qui possède une belle sensibilité. Son premier film, le très beau Angèle et Tony, en est le meilleur exemple.
Malheureusement, ce talent naturel peine à trouver un scénario digne d'être filmé.
Vivants est en effet un gloubi-boulga de thématiques diverses dont on peine à distinguer laquelle est le véritable sujet du film : coup de foudre d'une jeune femme pour un homme cinquantenaire (c'eut été un vrai défi de développer ce point dans le contexte actuel), portrait d'une profession très spécifique, réflexion sur les lois du marché qui prévalent dans l'audio-visuel d'aujourd'hui, éloge de l'esprit d'équipe, récit d'apprentissage et de transmission, et j'en oublie probablement.
Le souci, c'est que le film ne réussit vraiment dans aucune de ces catégories, du fait de la grande confusion de son script et aussi par la faute d'un manque de moyen qui nuit à l'évidence au film (je pense aux scènes de déroulant en Afrique, ou à la scène de la girafe).
Je ne met pas la note la plus basse pour une raison : l'actrice Alice Isaaz, que je ne connaissais pas, est absolument rayonnante, et sa relation avec Roschdy Zem est tout à fait crédible.