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Christoblog

A son image

Quelque chose ne va pas dans ce nouveau film de Thierry de Peretti, le plus corse de nos cinéastes.

Cette longue épopée qui se déroule sur une trentaine d'années essaye d'embrasser plusieurs thématiques, sans en approfondir une seule. Tour à tour destin d'une femme, réflexion sur le métier de photographe (en particulier de guerre), tableau de nationalistes corses filmés dans leur jus sociétal, et chronique historico-politique, A son image rate à peu près tout ce qu'il entreprend.

J'ai été particulièrement gêné par la façon de jouer de l'actrice principale, Claria-Maria Laredo. Je ne crois pas un instant à son talent de photographe : elle manipule maladroitement ses appareils, utilise toujours les mêmes mimiques avant d'appuyer sur le déclencheur, se positionne très mal pour cadrer. Je trouve incroyable qu'aucun conseiller technique ne l'ait aidé à appréhender le métier de photographe. On est ici à mille lieues du réalisme sec et enthousiasmant du magnifique Sympathie pour le diable, pour ne citer qu'un seul film sur le thème du photographe de guerre.

Les scènes de conflits sont de la même façon très peu crédibles (Alexis Menenti en soldat serbe ou croate ?!). Les dialogues m'ont semblé très artificiels, et j'ai capté plusieurs regards caméra involontaires : le film donne constamment l'impression d'un travail bâclé, d'un niveau incroyablement bas, proche de l'amateurisme.

Chaque personnage semble remplir "une case", sans incarnation ni chair. On ne perçoit jamais la nature de l'engagement des uns et des autres et j'ai désespérément cherché où souhaitait aller le film, au fil d'un nombre incalculable de scènes inutiles ou factices.

Une catastrophe scénaristique, que la piteuse mise en scène ne permet pas de sauver.

Thierry de Peretti sur Christoblog : Les Apaches - 2013 (**) / Enquête sur un scandale d'état - 2020 (**)

 

1e

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La prisonnière de Bordeaux

Le nouveau film de Patricia Mazuy commence plutôt bien. On est à la fois intrigué et charmé par la rencontre entre la bourgeoise Huppert et la prolo Herzi (je caricature à dessein, car le film, d'une certaine façon, le fait aussi).

Malheureusement, le charme n'opère que quelques minutes. La mise en scène lourdingue, le scénario écrit avec des moufles (François Bégaudeau fort peu inspiré sur ce coup), l'invraisemblance des situations (la scène de cambriolage est l'une des plus ridicules vues depuis longtemps), le manque de connivence entre les deux actrices, l'accumulation de clichés et de caricatures, le manque de relief des personnages secondaires, rendent assez rapidement le film insupportable.

D'une comédie légère est pétillante, Patricia Mazuy passe à un thriller social auquel on ne croît pas : c'est un échec complet.

 

1e

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La nuit se traîne

Voici en provenance de Belgique un thriller admirablement bien conçu et réalisé.

Au niveau de l'histoire, rien de bien original. Un jeune serrurier se trouve malgré lui impliqué dans une affaire de grand banditisme, et va vivre une nuit infernale pleine de rebondissements.

Nous sommes donc dans un trip qui ne peut fonctionner que par empilement de scènes d'action / suspense spectaculaires, agrémentées de rares moments de répit durant lesquels se nouent de nouveaux liens narratifs qui vont enflammer l'écran quelques images plus tard. On pense un peu au Scorsese de After hours, ou aux frères Safdie de l'incroyable Good time, l'ambition cinématographique en moins.

Le propos reste ici en effet assez modeste, le film manipulant un certain nombre de clichés et de situations caricaturales. Malgré cela, on se laisse tout de même happer par l'aventure de ce beau personnage joué par le formidable Jonathan Feltre, parfaitement martyrisé par un Romain Duris des grands jours, meilleur méchant vu depuis longtemps au cinéma.

Une réussite mineure, mais très agréable, menée tambour battant.

 

2e

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Septembre sans attendre

Le cinéma de Jonas Trueba est un cinéma évanescent, qui brille par sa délicatesse et sa façon de survoler les sujets d'une façon tendre et atmosphérique. Le résultat est parfois anecdotique (Venez voir), mais peut aussi diffuser une belle mélancolie, comme c'était le cas dans l'estival Eva en août.

Dans ce nouvel opus, Trueba nous présente tout d'abord un couple qui se défait, et forme la curieuse et plaisante idée d'organiser une fête de rupture. Le principe est amusant, et les deux acteurs fétiches de Trueba (Itsaso Arana et Vito Sanz) livrent la partition amusante de deux égos qui semblent feindre le détachement distancié.

Le début du film est donc agréable, mais n'évite pas un certain nombre de scènes qui paraissent être autant de redites d'une même situation. Jusqu'au moment où Trueba met en scène une astuce narrative totalement gratuite (pour meubler son film, peut-être) : on voit l'actrice principale travailler au montage du film qu'on est en train de regarder.

Ce faisant, le réalisateur espagnol transforme son film, intriguant et elliptique, en une machine lourdingue, typique d'un certain cinéma d'auteur intellectualisant. Il cherche à briller plutôt qu'à faire ressentir.

Mon intérêt est alors tombé à un niveau proche de zéro. Trueba n'est en effet pas doué pour manier le second degré, et son idée "méta" tombe totalement à plat : elle a pour effet de faire sortir totalement le spectateur du film, qui n'apparaît plus alors que comme un pensum maniéré.

Jonas Trueba sur Christoblog :  Eva en août - 2020 (***) / Venez voir - 2023 (**)

 

1e

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La mélancolie

La mélancolie : voici un film dont le titre ne ment pas.

Aucune musique extra-diagétique (hormis le dernier plan), un jeu atone, un scénario neurasthénique, une histoire triste. Youpi. 

Tout semble teinté de noir dans ce film étonnant, admirablement réalisé par ailleurs. Tout est triste et pourtant rien n'y est désespéré. Du chaos émotionnel dans lequel est plongée l'héroïne surgit progressivement une lumière sourde et pour ainsi dire qui représente l'essence même de la vie (un peu comme chez Tolstoï semble soudain apparaître la vérité éternelle d'une situation triviale). 

Le film réalise donc une sorte de miracle : du corset sociétal japonais habituel (convenances étouffantes, sentiments étouffés, expression bridée), il parvient à faire émerger un élan compassionnel qui finit par prendre aux tripes (la magnifique scène de la recherche des anneaux chez le père du défunt).

La caméra, quant à elle, caresse, ondule, sinue. Elle révèle à mon sens un cinéaste très prometteur.

 

3e

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Concours La belle affaire : gagnez 3x2 places

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film allemand La belle affaire de Natja Brunckhorst, qui est sorti sur les écrans ce mercredi.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : pour quel film Sandra Huller a-t-elle obtenu l'Ours d'argent de l'interprétation féminine à Berlin ? 
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 4 septembre 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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MaXXXine

MaXXXine est avant tout un exercice de style.

Hommage au cinéma des années 80 (on pense à De Palma constamment), mais aussi à tout le cinéma à travers une multitude de références, le troisième opus de Ti West est aussi un film de genre assez classique, mêlant effets horrifiques (en mode grand-guignol inoffensif) et thriller / slasher.

De ce gloubi-boulga qui pourrait être indigeste, le réalisateur fétichiste parvient à tirer une oeuvre enlevée et plaisante, qui ravit le spectateur ludique que je suis. Il y a, dans l'amour que West semble porter au cinéma de série B (et Z), un enthousiasme communicatif qui n'est pas sans rappeler un certain Quentin T (l'extrême virtuosité en moins).

Une autre clé qui fait tenir le film debout est la prestation de Mia Goth, héroïne psychotique, martyrisée et badass de cette ballade sanglante et réjouissante. La muse du réalisateur (déjà héroïne de ses deux premiers films) est formidable en actrice très "physique", fascinée par le succès et l'opportunité de quitter son métier d'actrice porno.

A réserver aux amateurs éclairés de second degré cinéphile (ou de premier degré déjanté).

 

2e

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Le roman de Jim

Ce nouveau film des frères Larrieu est une sage adaptation du roman de Pierric Bailly, qui lui-même m'avait paru très sage. Le résultat est donc sans surprise assez neutre, et d'une qualité pour ainsi dire... télévisuelle.

Sans être véritablement bouleversé, j'ai suivi avec intérêt cet itinéraire d'un homme (trop ?) gentil,  personnage dont le cinéma ne fait que très rarement le portrait. 

Il faut l'épaisseur de Karim Leklou, qui me fait penser de plus en plus à Jean Gabin, pour donner à cette simple histoire son caractère universel et profond. Le reste du casting ne m'a que très moyennement convaincu : Laetitia Dosch m'a semblé jouer faux à plusieurs moment, et Bertrand Belin n'est décidément pas un véritable acteur. C'est d'autant plus dommage que ces deux-là, gens ordinaires au comportement de salaud, aurait sans nul doute mérité un peu plus d'ambiguïté et de profondeur.

La mise en scène des Larrieu, qui d'habitude s'autorisent de nombreuses digressions fantaisistes, est ici étonnamment lisse, illustrant au premier degré le récit originel, sans y apporter aucune sorte de modification.

Je suis un peu surpris par l'avalanche de critiques dithyrambiques que suscite ce film, certes touchant, mais avec si peu d'effets qu'il finit par en paraître anodin.

Les frères Larrieu sur Christoblog : Les derniers jours du monde - 2009 (****) / L'amour est un crime parfait- 2014 (**) / 21 nuits avec Pattie - 2015 (***) / Tralala - 2021 (***)  

 

2e

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Emilia Perez

Jacques Audiard fait ici preuve d'une audace sans équivalent. 

Réaliser un film en espagnol (!), racontant comment un chef de cartel veut devenir une femme (!!) et de surcroît imaginer y insérer des moments chantés et dansés (!!!) : il faut vraiment avoir foi dans le cinéma et dans son propre talent pour se lancer dans un projet aussi insensé.

Le plus dingue est que le résultat fonctionne très bien : on y croit totalement, à tel point que la scène de retrouvaille m'a pris complètement par surprise lors du festival de Cannes. Malheureusement la bande-annonce révèle trop brutalement son contenu, qui ne sera donc plus une surprise pour le spectateur.

Emilia Perez dessine de très beaux portraits de femme et le prix collectif reçu à Cannes est parfaitement mérité. Zoe Saldana se révèle une excellente actrice, au-delà de sa performance dans Avatar, et elle est pour moi au moins aussi méritante que Karla Sofia Gascon. Leur amitié âpre et intense donne au film sa structure solide, alors que les morceaux dansés, formidablement réussis, lui apportent quelques bulles de légèreté, tout en amplifiant les sentiments des personnages. Le travail de la chanteuse Camille et de son compagnon Clément Ducol est remarquable.

C'est extrêmement efficace, puissamment romanesque, et brillamment réussi tout en étant parfaitement imparfait. Emilia Perez, par son caractère totalement neuf et son refus de toute vraisemblance réaliste, génère chez le spectateur une sorte de jubilation exaltante qu'on a pas connu depuis longtemps. 

Peut-être le meilleur Audiard et sans aucun doute un des meilleurs films de l'année.

Jacques Audiard sur Christoblog : Sur mes lèvres - 2001 (****) / Un prophète - 2009 (***) / De rouille et d'os - 2012 (****) / Dheepan - 2015 (***) / Les frères sisters - 2018 (**)

 

4e

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Santosh

Dans ce formidable film présenté au dernier festival de Cannes, on suit Santosh, une jeune femme indienne recrutée à la place de son mari mort en service, dans son apprentissage du métier de gardien de la paix.

Le réalisateur anglo-indien Sandhya Suri parvient à mêler dans cette âpre chronique plusieurs genres avec un grand bonheur (et une redoutable noirceur).

Le film est d'abord, et avant tout, un tableau au vitriol de la société indienne contemporaine. Corruption à tous les étages, incompétence de la police, absence d'éthique, tensions inter-religieuses, absence de réponse politique, machisme décomplexé et agressif, violence quotidienne, pregnance néfaste du système de caste : tout cela forme la toile de fond de la narration.

Mais au-delà de cet aspect rude et brut, parfois proche d'un travail documentaire, le film raconte aussi une formidable histoire, compliquée, tortueuse, qui tient à la fois du polar, du thriller psychologique et de la chronique sociale. Il dresse enfin, et peut-être doit-on dire surtout, un beau portrait de femme : la formidable Shahana Goswami propose une composition à la fois sensible et très physique.

La mise en scène sert parfaitement le propos complexe du film, et parvient à donner au film à la fois un rythme lancinant et une atmosphère poisseuse.

Du très beau travail.

 

3e

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Concours Project silence : gagnez 3x2 places (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film coréen Project silence de Kim Tae-gon, présenté cette année à Cannes, et qui sort sur les écrans le 21 août.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : dans quelle Palme d'or a joué l'acteur principal du film, Lee Sun Kyun ? 
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 20 août 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Sons

Le premier film de Gustav Möller, The guilty, plébiscité par la critique et le public, était un film habile, basé sur une seule idée.

On retrouve dans ce second film le même type d'obsession, consistant à mener une trame narrative simple en en explorant toutes ses conséquences.

Le problème de cette méthode est de lasser le spectateur : on voit trop bien où veut en arriver le réalisateur, en accumulant les effets redondants.

Comme ici le propos est de nature cruelle, le résultat évoque une expérience d'entomologiste sadique. Un peu comme du Haneke en mode automatique, ou du Michel Franco sans imagination.

Sidse Babett Knudsen tente de s'en sortir comme elle peut, c'est à dire en prenant des poses exprimant la plus grande variété possible d'émotions, sur un spectre très étroit allant de la contrariété maladive à l'obsession souffreteuse. 

Vous l'avez compris, je n'ai pas aimé me sentir prisonnier de ce huis clos programmé, dont le rebondissement central m'a paru à la fois invraisemblable et peu productif en terme de nouveaux développements. J'aurais d'une certaine façon préféré que le parti-pris sadique de la première partie soit poussé le plus loin possible : cela aurait au moins donné du grain à moudre d'ordre moral.

Gustav Möller pratique ce que j'appelle un cinéma de petit malin : au mieux efficacement prenant, au pire programmatiquement malaisant.

Gustav Möller sur Christoblog : The guilty - 2018 (**)

 

1e

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Moi, moche et méchant 4

Le nouvel opus de la plus française des franchises US est assez réussi.

Contrairement à certains dessins animés (comme les Pixar en règle générale), la série Moi, moche et méchant n'inclut pas de second degré qui permettrait aux adultes de voir un autre film que les bambins. Ici, tout est à regarder avec des yeux d'enfant, et la qualité du film ne peut donc être jugée qu'à travers ses qualités intrinsèques de vivacité et d'humour .

Le résultat est à mon sens plutôt plaisant. Si le scénario ne brille pas par son originalité (le méchant est un peu faible), on est plutôt séduit par les couleurs pop des décors, la maestria des scènes d'action (je pense par exemple à l'attaque de l'animal furieux lors du hold-up) et surtout par chacune des apparitions des minions.

Les créatures du génial Français Eric Guillon font mouche à coup sûr : leur stupidité atavique est jouissive, leur galimatias esperantesque souvent très drôle et leur hyper-activité maladive une véritable dinguerie qui nous laisse abasourdi. On adore les minions.

Un film d'animation modeste mais rudement efficace, qui devrait ravir petits et grands.

 

2e

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Only the river flows

Dans le paysage du cinéma chinois contemporain, le polar se taille une belle place, symbolisée par la réussite du cinéaste Diao Yinan (Le lac aux oies sauvages).

Ajoutant sa pierre à ce mouvement, Shujun Wei nous offre ici une version noire et parfois lynchienne de la traditionnelle traque du tueur en série.

Si le début du film brille par sa maîtrise et sa noirceur poisseuse, on est ensuite assez rapidement perdu dans un labyrinthe mental dont on ne comprendra que tardivement qu'il reflète (au moins en partie) les hallucinations de son personnage principal, à l'évidence souffrant de troubles psychologiques.

Je trouve que cette option nuit un peu au plaisir que l'on éprouve à suivre une enquête qui s'annonçait passionnante, mais il faut reconnaître qu'elle donne à Only the river flows une aura particulière, qui flirte avec le fantastique.

Un polar d'une rare sophistication, réservé aux aventuriers de l'esprit.

 

2e

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The bikeriders

D'un livre de photographie de Danny Lion qui le fascina enfant, le cinéaste américain tire une oeuvre académique, qui séduit plus par la qualité de ses portraits que par sa narration.

On suit sans déplaisir l'histoire de ce groupe de motards, des origines à sa profonde transformation, à travers le destin de trois personnages principaux.

Austin Butler campe un beau gosse ténébreux avec une gueule à la James Dean convaincante, alors que Jodie Comer joue sa femme sans grande conviction. C'est Tom Hardy, dans un beau rôle de méchant boss malgré lui (façon Tony Soprano), qui emporte le morceau dans un casting assez plan-plan.

Pour le reste, l'évolution narrative est prévisible, les relations entre les personnages assez téléphonées, et la mise en scène à la fois convenue et efficace. La trame temporelle est inutilement compliquée par une série d'allers-retours sans grand intérêt. 

Le film vaut principalement par son aspect sociologique : le milieu des motards de cette époque est bien reconstitué, et l'étonnant mélange de règles inutiles et d'esprit libertaire produit parfois de beaux moments de tension dramatique.

A noter que Michael Shannon, qui joue un petit rôle, signe ici sa sixième collaboration avec Jeff Nichols en six films : un bel exemple de fidélité.

Une oeuvre appliquée, intéressante à défaut d'être passionnante.

Jeff Nichols sur Christoblog : Take shelter - 2011 (**) / Mud - 2012 (**) / Midnight special - 2016 (*) / Loving - 2017 (**)

 

2e

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Les fantômes

Le premier film de Jonathan Millet est d'une grande maîtrise formelle.

Il suit le parcours de Hamid, chasseur clandestin de criminel de guerre, qui pense avoir retrouvé à Strasbourg son tortionnaire.

Curieusement, le film est qualifié un peu partout de "film d'espionnage" alors qu'on ne suit aucun espion et que les Etats sont totalement absent de l'intrigue. Il s'agit ici d'une histoire très personnelle liée aux horreurs commises en Syrie, qui traite à la fois du souvenir, de la vengeance, du pardon, de l'exil, du deuil et de la justice.

Si le film est parfois un peu lent et un poil scolaire, ils propose aussi des moments d'exception (le repas dans le restaurant bondé), une intrigue puissante et un travail sur le son absolument bluffant, comme on en a rarement vu. Les deux acteurs principaux, Adam Bessa et Tawfeek Barhom, dégagent un magnétisme saisissant. La mise en scène, qui mêle avec bonheur plans larges et caméra très proche des visages, est d'une grande beauté.

A voir absolument.

 

3e

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Le comte de Monte-Cristo

On pourrait citer beaucoup de qualités à propos de ce blockbuster français : l'intelligence de l'écriture qui respecte le génie feuilletonnant du roman, la musique de Jérôme Rebotier, le casting impressionnant.

Mais ce qui est pour moi la caractéristique principale du film, et sa spécificité, c'est la modeste efficacité avec laquelle il a été conçu et réalisé. Ici, pas d'effet numérique ostentatoire, pas de scènes d'action inutiles, pas de modernisation accessoire dans le scénario : tout ce qui est montré est utile, tout ce qui est filmé fait avancer l'intrigue.

A l'image de cette sobriété bienvenue, la composition de Pierre Niney m'a paru saisissante. L'acteur auquel on peut souvent reprocher un gentil (mais parfois envahissant) cabotinage est ici parfait. Joyeux sans excès dans la première partie, puis intelligemment sombre dans la seconde, sans jamais se départir de cette assurance dans la vengeance qui semble alors lui tenir lieu de personnalité. Il illustre merveilleusement l'idée de génie de Dumas : faire d'un gentil congénital un méchant obstiné.

Toute cette affaire est mené tambour battant jusqu'à un combat final qui résume les qualités du film : sans esbroufe, raisonnablement cruel, sous un ciel nuageux et peu flatteur.

Si le casting est absolument parfait (et je pèse mes mots, tout le monde est proche de ce qu'il peut faire de mieux), j'aimerais distinguer Anaïs Demoustier, qui campe une Mercedes d'exception, et dont la moindre des expressions fait véritablement vibrer l'écran. 

Du beau cinéma grand public, à la française.

Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière sur Christoblog : Le prénom - 2012 (***)

 

3e

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Juliette au printemps

Blandine Lenoir nous offre ici une comédie sur la famille qui réussit à la fois à faire beaucoup rire et à émouvoir.

Elle s'appuie pour cela sur un casting haut de gamme. Izia Higelin rayonne d'une noire lumière, Jean Pierre Darroussin est désarmant d'amère bonhomie, Sophie Guillemin explose dans un rôle de sensuelle mère de famille éprise de liberté, et tout le reste du casting est absolument parfait (Noémie Lovsky, Eric Caravaca, Liliane Rovère...).

Juliette au printemps parvient à nous offrir des moments de réel burlesque (le chat maladroit, l'amant costumé) comme des moments d'émotion qui nous arrachent des larmes (la photo offerte à la fin du film).

L'attention est constamment entretenue par une intrigue liée au passé, qui se révèle petit à petit, et s'avère à la fois assez classique et émouvante. Le montage alerte et la mise en scène délicate contribuent à rendre le film aimable.

Une vraie réussite, encore plus agréable qu'un bon Podalydès.

Blandine Lenoir sur Christoblog : Annie Colère - 2022 (***)

 

3e

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Memory

On reproche parfois au cinéma de Michel Franco sa froideur mécanique, presque sadique.

J'ai moi-même écrit des choses très dures sur celui que j'ai pu considérer comme un Haneke d'outre-Atlantique.

La surprise est donc totale de voir dans ce film le réalisateur mexicain tisser une histoire remplie d'émotions, de subtilité et d'espoir. Bien sûr, la charge des traumas qui constitue la trame principale du film (attention, c'est du lourd) fait quand même peser sur Memory  une triste noirceur, caractéristique de Franco, que le réalisateur parvient ici à sublimer jusqu'à un dernier plan de toute beauté.

Jessica Chastain est tout simplement formidable. Elle est accompagnée par un fantastique Peter Sarsgaard, qui a obtenu le prix d'interprétation masculine à Venise pour ce rôle. Ce dernier joue la maladie mentale avec une délicatesse qui brise le coeur, et qu'on a rarement vu représentée à l'écran avec autant de justesse.

La mise en scène est impressionnante, constituée de plans larges et froids, dans lesquels on a l'impression de voir les sentiments se déployer avec majesté.

Un très beau film.

Michel Franco sur Christoblog : Después de Lucia - 2012 (**) / Chronic - 2015 (*)

 

4e

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Kinds of kindness

Yorgos Lanthimos revient ici au style qui fit son succès au début de sa carrière : une construction intellectuelle stimulante, une âpre description des petitesses de l'âme humaine, une mise en scène de toute beauté, une cocasserie caustique qui fait souvent sourire. 

Le tout est ici multiplié par trois, puisque le film est constituée de trois histoires complètement distinctes de 55 minutes chacune environ. Comme c'est souvent le cas dans ce type de film, on pourra juger l'intérêt des trois parties assez disparates. La première est pour moi presque parfaite dans son développement narratif et la subtilité de ses échanges, la deuxième m'a parue à la fois plus prévisible et moins crédible, alors que la dernière vaut surtout pour ses dix dernières minutes ébouriffantes.

Le trio d'acteurs est prodigieux et si Jesse Plemons a amplement mérité son prix d'interprétation à Cannes, Emma Stone et Willemn Dafoe sont formidables tous les deux.

J'ai pris du plaisir à déguster cette nouvelle livraison du cinéaste grec, qui n'a pas son pareil pour sonder les relations de pouvoir et de dépendance des êtres humains, leur obsessions et leurs aliénations, dans un monde dystopique et sur un mode qui mêle admirablement l'humour et la cruauté (la scène de la sextape en souvenir de la défunte en est un excellent exemple).

Pour ceux et celles qui avaient aimé The lobster

Yorgos Lanthimos sur Christoblog : Canine - 2009 (**) /  The lobster - 2015 (****) / Mise à mort du cerf sacré - 2017 (***) / La favorite - 2018 (***) / Pauvres créatures - 2024 (****)

 

3e

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