A son image
Quelque chose ne va pas dans ce nouveau film de Thierry de Peretti, le plus corse de nos cinéastes.
Cette longue épopée qui se déroule sur une trentaine d'années essaye d'embrasser plusieurs thématiques, sans en approfondir une seule. Tour à tour destin d'une femme, réflexion sur le métier de photographe (en particulier de guerre), tableau de nationalistes corses filmés dans leur jus sociétal, et chronique historico-politique, A son image rate à peu près tout ce qu'il entreprend.
J'ai été particulièrement gêné par la façon de jouer de l'actrice principale, Claria-Maria Laredo. Je ne crois pas un instant à son talent de photographe : elle manipule maladroitement ses appareils, utilise toujours les mêmes mimiques avant d'appuyer sur le déclencheur, se positionne très mal pour cadrer. Je trouve incroyable qu'aucun conseiller technique ne l'ait aidé à appréhender le métier de photographe. On est ici à mille lieues du réalisme sec et enthousiasmant du magnifique Sympathie pour le diable, pour ne citer qu'un seul film sur le thème du photographe de guerre.
Les scènes de conflits sont de la même façon très peu crédibles (Alexis Menenti en soldat serbe ou croate ?!). Les dialogues m'ont semblé très artificiels, et j'ai capté plusieurs regards caméra involontaires : le film donne constamment l'impression d'un travail bâclé, d'un niveau incroyablement bas, proche de l'amateurisme.
Chaque personnage semble remplir "une case", sans incarnation ni chair. On ne perçoit jamais la nature de l'engagement des uns et des autres et j'ai désespérément cherché où souhaitait aller le film, au fil d'un nombre incalculable de scènes inutiles ou factices.
Une catastrophe scénaristique, que la piteuse mise en scène ne permet pas de sauver.
Thierry de Peretti sur Christoblog : Les Apaches - 2013 (**) / Enquête sur un scandale d'état - 2020 (**)