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Christoblog

Showing up

Que raconte Showing up ? A vrai dire, pas grand-chose.

Y voit-on la puissance créatrice d'une artiste ? Pas vraiment : son quotidien est scrupuleusement décrit, certes, mais sans que l'on puisse réellement faire de rapport entre son vécu (les petites contrariétés de la vie quotidienne, d'affreuses chaussettes qu'elle porte en toutes circonstances, un problème de chaudière, les minuscules blessures d'égo) et ce qu'elle crée.

Y mesure-t-on les affres de la vie d'artiste ? Non, simplement ceux du quotidien d'une quidam. D'ailleurs, si le personnage joué par Michelle Williams était professeur de technologie, cela ne changerait pas réellement la teneur du film. Si ce n'est qu'elle parviendrait probablement à prendre une douche.

Est-ce que la mise en scène est remarquable ? Pas du tout. Kelly Reichardt applique ici son habituelle façon de filmer : une manière neutre, blanche pourrait-on dire, qui ne semble viser qu'à s'effacer devant le peu qui est montré.

Comme presque toujours devant les films de cette réalisatrice (sauf First cow, et le dernier volet de Certain Women), je suis donc désarçonné devant l'enthousiasme critique avec lequel est accueilli Showing up. En quoi filmer l'insignifiant de façon insignifiante peut-il être intéressant ? C'est un mystère pour moi, que je ne renonce toutefois pas à percer puisque je vais consciencieusement voir tous les films de Kelly Reichardt.

J'avais initialement envie d'utiliser le terme d'épure pour parler de ce film, mais il faudrait ici inventer un autre terme, qui correspondrait à ce que l'on obtient quand on simplifie une épure, quand on la réduit à sa plus simple expression, quand on renonce à tout artifice (de photo, de mise en scène) qui viserait à faire surgir la beauté à l'écran : écran blanc peut-être ?

Pour les amateurs d'eau tiède et de paysages de rien.

Kelly Reichardt sur Christoblog : La dernière piste - 2011 (**) / Certaines femmes - 2016 (**) / First cow - 2020 (**)

 

1e

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Suzume

Quelle autre cinématographie que le monde des anime japonais possède aujourd'hui ce mélange d'imagination infinie et de maîtrise technique exceptionnelle ? Aucune. 

On retrouve en effet dans Suzume toutes les qualités qu'on aime chez les cinéastes d'animation de ce pays, de Miyazaki à Hosoda : un sens inné de la poésie, une capacité à ne pas se brider dans la recherche de l'émotion pure et une faculté incroyable à aborder les thématiques lourdes (le deuil, la mort) avec légèreté. Lorsqu'on y songe, ce sont ces qualités qui ont permis, il y a bien longtemps, à Disney de conquérir le monde (je pense à Bambi ou Dumbo par exemple).

Bien loin des marvelleries franchisées et insipides, Makoto Shinkai réussit ici à produire une oeuvre d'imagination pure, qui suscite une sorte d'émerveillement perpétuel par la conjonction d'une technique irréprochable (les paysages sont d'une beauté à couper le souffle) et d'une rigueur d'écriture qui atteint ici des sommets.

Les précédents films de Shinkai étaient déjà brillants, mais certains pouvaient leur reprocher leur caractère touffu, leur BO envahissantes et leur boursouflures narratives. Dans Suzume, le réalisateur à mis en oeuvre ses qualités habituelles, et a gommé les petits défauts : la narration, bien que complexe, est parfaitement lisible, le rythme est parfait et la BO est un mix réjouissant de plusieurs genres (du jazz à la pop japonaise en passant par la musique symphonique hollywoodienne).

Ajoutez à tout cela des personnages (en majorité féminins) admirablement dessinés, des idées de génie (à l'image de cette chaise à trois pieds devenant personnage principal) et vous obtenez ce que l'animation peut proposer de mieux aujourd'hui en salle. 

Un bain continu d'émotions fortes, à découvrir absolument.    

Makoto Shinkai sur Christoblog : Your name - 2016 (***)

 

4e

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Burning days

Découvert lors du dernier Festival de Cannes dans la section Un certain regard, ce film du turc Emin Alper est un honnête thriller socio-politique.

Durant la projection je n'ai pu m'empêché de penser souvent à deux auteurs majeurs : Nuri Bilge Ceylan pour le portrait d'un intellectuel perdu dans la Turquie profonde (Winter sleep, Il était une fois en Anatolie), et Andrei Zvyaguintsev pour la lutte d'un juste contre les forces obscures en milieu hostile (Leviathan).

Malheureusement, même s'il est plaisant à regarder, il manque quelque chose à Burning days pour égaler ces prestigieuses références : de la densité dans la narration, un scénario un peu plus complexe, des personnages plus ambigus, un rythme plus soutenu.

Il y a une naïveté dans le personnage d'Emre qui empêche selon moi le film d'être vraiment passionnant : le destin tragique de son enthousiasme crédule est trop ostensiblement suggéré dès le début du film. Les intrigues manquent de finesse et de nuances, et j'ai trouvé la toute fin ratée.

Restent toutefois quelques très jolies scènes qui montre le grand talent du réalisateur (le dîner, et surtout la formidable séquence de la chasse au sanglier, qui reste dans la mémoire). A découvrir si vous aimez le cinéma turc.

 

2e

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Conversation secrète

Palme d'or à Cannes en 1974, ce film du tout jeune Francis Ford Coppola est une leçon de cinéma sur le thème de la paranoïa.

Conversation secrète débute comme un film d'espionnage : le détective Harry Caul, joué par Gene Hackman, spécialisé dans les écoutes téléphoniques, nous est tout d'abord montré en pleine action, en train d'épier la conversation d'un couple.

Il acquiert rapidement le sentiment qu'un danger de mort menace ces deux-là, et renonce à livrer la teneur de leur conversation (on découvre qu'il a été responsable dans le passé de l'assassinat de toute une famille).

Mais le danger existe-t-il vraiment ? Les inquiétudes de Harry ne sont-elles pas le fruit de son imagination ?

Coppola nous égare avec brio dans un dédale de plans d'une virtuosité sans égale. Le personnage d'Harry, seul et mutique, semble se mouvoir dans un monde à double fond, à l'image de la multitude d'écrans et de surfaces transparentes qui l'environnent. Le film est oppressant, et génère une claustrophobie mentale, dont seule la musique jazz semble pouvoir permettre au héros de s'échapper.

Un grand moment de cinéma. Si certaines parties sont un peu longues, l'impression de spleen diffus que dégage Conversation secrète mérite de revoir cette oeuvre cinquantenaire, dont la maîtrise fascine encore aujourd'hui.

 

3e

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Searching

Fut un temps où de nombreux films se fixaient un principe limitant drastiquement le cadre dans lequel ils se déroulaient : un cercueil (Buried), un petit bateau (All is Lost), une cabine téléphonique (Phone game), un centre d'appel duquel on suit l'intrigue entièrement par le biais d'appels téléphoniques (The guilty).

Searching se situe dans cette lignée, puisqu'il nous fait suivre l'enquête d'un père dont la fille a disparue, exclusivement par le biais de divers écrans (ordinateur, caméra de surveillance, smartphone). Aucun plan ne représente donc "la réalité".

Comme il est de rigueur dans ce type d'exercice, on s'étonne d'abord que le parti-pris fonctionne relativement bien, guettant une erreur où une baisse de rythme liée à un subit manque d'imagination. Il y a toujours une sorte de jeu entre le réalisateur et le spectateur dans ce type d'exercice : ce dernier ne peut s'empêcher de se demander à plusieurs moments "bon, et maintenant tu vas t'en sortir comment ?".

Malheureusement, le caractère astucieux et séduisant du dispositif se dégrade nettement dans la dernière partie du film, qui sacrifie à un dénouement totalement irréaliste qui gâche un peu le plaisir.

Une curiosité divertissante.

 

2e

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Les films de mars 2023

 

En 2023, je vous propose un bilan mensuel des sorties, en me basant sur les avis de blogs que j'apprécie, à savoir :

- et bien sûr, car on est jamais mieux servi que par soi-même : Christoblog

 

Vous retrouverez évidemment les critiques détaillées des films en vous rendant directement sur les trois blogs.

SI vous souhaitez intégrer cette revue mensuelle, contactez moi par ici.

 

 

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Toute la beauté et le sang versé

Il y a beaucoup de films différents dans ce documentaire de Laura Poitras.

Le premier est le récit de la lutte qu'a menée la photographe Nan Goldin contre la famille Sackler, en grande partie responsable du drame de la dépendance aux opiacées aux USA. Cette partie éveille notre curiosité, mais j'aurais personnellement préféré qu'elle soit plus développée.

Le second est constitué de la projection à l'écran d'extraits d'œuvres de Nan Goldin, en particulier de sa cultissime The ballad of sexual dependency : sûrement instructif pour ceux qui ne connaissent pas du tout le travail de la photographe, frustrant pour les autres.

Le film propose enfin une biographie de l'artiste, constituée d'images d'archives et d'interviews. On apprend beaucoup de choses, et on est souvent ému (la tragique histoire de la soeur) et impressionné (l'hécatombe des années SIDA, la folle liberté de Nan Goldin et sa chance d'avoir survécu à cette période). Ce sujet passionnant aurait pu constituer l'unique sujet d'un long-métrage.

Au final, Toute la beauté et le sang versé ne choisit pas vraiment sa voie, et c'est probablement sa limite. Reste pour ceux que cela intéresse le beau portrait d'une artiste majeure de notre temps.

 

2e

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About Kim Sohee

Ce deuxième film de la très prometteuse July Jung dénonce l'exploitation des stagiaires scolaires par les entreprises coréennes.

Il met en avant l'absurdité de la compétition étendue à toutes les sphères de la société : compétition entre les employés d'un même centre d'appel, entre centres d'appels, entre écoles de formation, entre académies, etc.

Une pression sociale généralisée susceptible de broyer les plus faibles, mais aussi certains des plus solides. Un des points forts du film est d'ailleurs de s'attacher au sort d'une vraie combattante, qu'on ne s'imagine pas craquer facilement.

Le mécanisme d'humiliations successives (on pense aux Dardenne) de la première partie du film est assez éprouvant, mais son effet est contrebalancé par la deuxième partie du film, que la présence de la toujours rayonnante Doona Bae illumine.

Cette deuxième partie fait toute la qualité d'About Kim Sohee, en variant et en approfondissant les points de vue. La façon dont la policière s'approprie le destin de la jeune fille devient le coeur vibrant du film.

July Jung sur Christoblog : A girl at my door - 2014 (***)

 

2e

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Concours Loup & chiens : Gagnez 3x2 places (Terminé)

l'occasion de sa sortie, je vous propose de gagner 3x2 places pour découvrir le film de la portugaise Claudia Varejão Loup & chien, qui sort le 12 avril.

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : dans quel festival français ce film a t il obtenu le Prix du jury  ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 11 avril 20h
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite les places envoyé par le distributeur. NB : un des trois lots sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien)

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Les trois mousquetaires : D'Artagnan

Les trois mousquetaires réussit tout ce qu'Astérix vient de rater.

Le casting par exemple est ici aussi équilibré et convaincant que celui du film de Canet était hétérogène et peu inspiré. Chacun semble en effet utilisé dans un registre qui lui va à merveille : Cassel en vieux mâle blessé, Civil en jeune chien fou naïf, Marmaï en jouisseur plantureux, Duris en aristocrate du geste, Garrel en roi malgré lui, Eva Green en diable en jupon, Lyna Khoudri en parangon d'innocence mutine, Vicky Krieps en préciosité de porcelaine, etc.

Les partis-pris esthétiques de Martin Bourboulon sont radicaux et assumés, là où ceux de Canet étaient timides et incohérents. Il y a dans Les trois mousquetaires une envie évidente de naturalisme poussé à l'extrême : les nuits noires sont noires, l'eau mouille, la boue salit, les épées tranchent et les coups de poings semblent vraiment faire mal. Les scènes d'action sont filmées avec un style que je n'ai pratiquement jamais vu dans un film français : caméra virevoltante, plan-séquence, caméra à l'épaule.

Comme la mise en scène est efficace et le montage vif, on ne s'ennuie pas une seconde à suivre cette version du roman de Dumas que certains esprits chagrins trouveront trop modernisée, au prétexte que Porthos se réveillent entre un homme et une femme après une nuit d'amour - alors que cette péripétie, qui est bien dans le style de ce fieffé jouisseur de Porthos, aurait pu à mon sens être écrite par Dumas (s'il vivait aujourd'hui).

Astérix a coûté 65 millions d'euros et Les trois mousquetaires 74. Alors que je disais qu'on ne voyait pas l'argent sur l'écran pour le film de Canet, c'est ici tout l'inverse : le moindre costume semble avoir plusieurs siècles, les décors sont somptueux et les grandes scènes (le mariage, le bal costumé) sont filmées avec virtuosité et humilité.

On n'a qu'une hâte à la fin du film : découvrir la suite, approfondir la complicité séduisante de nos quatre héros, et explorer la face sombre de Milady, qui s'annonce passionnante. Les trois mousquetaires : D'Artagnan est ce que le cinéma français a proposé de mieux en matière de divertissement sophistiqué depuis longtemps.

 

3e

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Saules aveugles, femme endormie

Drôle de projet que d'adapter plusieurs nouvelles de Murakami sous forme d'un film d'animation.

On ne voit pas trop quel peut-être le public visé. Les fans de l'écrivain n'iront probablement pas vers un film d'animation et préféreraient peut-être l'adaptation plus consistante d'un roman. Les cinéphiles fréquentent Murakami à travers des films qui sont souvent des chefs-d'oeuvres (Drive my car, Burning). Les fans d'animation peuvent être rebutés par l'austérité du projet. Les passionnés du Japon s'étonneront du fait que ce film se déroulant à Tokyo et mettant en scène des Japonais soit réalisé par un Européen.

Le résultat est pourtant intéressant. Comme souvent quand il s'agit d'assembler plusieurs histoires dans un film, les différentes parties du film de Pierre Foldes sont inégales. Celle qui met en scène la grenouille géante est délicieusement déstabilisante, d'autres sont poétiques ou amusantes sans être renversantes.

Saules aveugles, femme endormie est à l'image de son titre : doux, étrange, poétique, et peut-être inutilement complexe. Il n'enthousiasme pas vraiment, mais intrigue, déconcerte et séduit parfois par son ambiance onirique et mélancolique, et sa ligne claire.

 

2e

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Le capitaine Volkonogov s'est échappé

Ce nouveau film du duo Natalya Merkulova / Alexey Chupov est formidable à plus d'un titre, pourvu qu'on ait le coeur bien accroché.

Le sujet est passionnant : on est plongé dans les purges staliniennes de l'année 1938. Le caractère impitoyable, aléatoire et procédurier de ces terribles assassinats est ici parfaitement montré. Lorsque le capitaine Volkonogov décide d'aller demander pardon aux proches des victimes qu'il a exécuté, on se doute que les choses ne vont pas se passer facilement... 

Cette trame originale donne lieu à une course poursuite dans un Léningrad fantasmé, superbement photographié, dont chaque décor est une oeuvre d'art en soi. Les scènes de rencontre avec les familles des victimes sont parfois très dures à regarder, d'autant plus qu'elles donnent souvent lieu à un flashback renvoyant à la scène de torture dont il est question.

Le capitaine Volkonogov s'est échappé est un mélange osé de thriller moral, de méditation élégiaque et de suspense psychologique. Il est émaillé de scènes souvent proche de l'onirisme (l'enterrement des cadavres, le dirigeable, les rêves, les silhouettes fantomatiques des habitants), qui confèrent à l'ensemble un charme vénéneux.

On pourra aussi mettre en parallèle ce qu'on voit à l'écran et la situation actuelle de la Russie, et on comprendra que le film soit interdit là-bas et que les réalisateur/trices aient du quitter le territoire russe. L'acteur principal Yuriy Borisof, remarqué dans le très beau Compartiment N°6, est encore ici formidable.

Un coup de poing au plexus, d'une folle maîtrise formelle.

 

4e

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Le bleu du caftan

Dans Le bleu du caftan, tout est joli : la photographie est tendre, les sentiments sont délicats.

Le film est si bien fait et l'histoire qu'il raconte est si édifiante... qu'on finit par s'ennuyer un peu.

Les acteurs sont formidables, avec une mention spéciale pour l'Israélien Saleh Bakri, très crédible en homosexuel qui tombe amoureux de son jeune apprenti sous les yeux de sa femme, jouée par la toujours impeccable Lubna Azabal.

Le bleu du caftan a un autre intérêt, celui de mettre en lumière la confection terriblement compliquée du véritable caftan marocain. Le bruissement des soieries et l'éclat des broderies contribuent à la sensualité de ce film sage, confortable et lénifiant comme la chaleur humide d'un hammam.

Vous l'avez compris, je ne suis pas totalement entré dans le projet de la réalisatrice Maryam Touzani, même si je lui reconnais de grandes qualités esthétiques : le ton d'onctueuse bienveillance de ce huis-clos a eu sur moi un effet repoussoir.

Maryam Touzani sur Christoblog : Adam - 2020 (**)

 

2e

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Au poste !

Au poste ! est probablement mon film de Quentin Dupieux préféré à ce jour.

Alors que je reproche souvent au prolifique réalisateur de ne pas maîtriser ses idées sur la longueur, je dois reconnaître que ce n'est pas du tout le cas ici.

Au regard de la filmographie complètement déjantée de Dupieux, Au poste ! fait presque figure d'oeuvre conventionnelle. Le film commence en effet dans une ambiance de polar assez classique : un homme est injustement accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis.

Grégoire Ludig est excellent dans le costume du personnage (relativement) rationnel, confronté à une situation qui le devient de moins en moins : le commissaire (Poelvoorde en majesté) a de la fumée qui sort de l'abdomen quand il fume, un policier à un oeil "flou", la femme de ce dernier intervient a posteriori dans les souvenirs de la nuit du crime pour mener son enquête, etc.

Dans ce labyrinthe temporel et surréaliste, on se marre franchement, grâce à plusieurs trouvailles, comme par exemple l'usage immodéré de l'expression "C'est pour ça" par Anais Demoustier, très convaincante en rousse frisée.

La fin n'échappe pas tout à fait à la tentation de "grand n'importe quoi" dont est coutumier Quentin Dupieux, mais cela ne gâche l'ensemble du film, qui constitue un très bon divertissement.

 

3e

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Je verrai toujours vos visages

J'ai beau chercher, je ne vois pas ce que je pourrais reprocher au nouveau film de Jeanne Herry.

Je verrai toujours vos visages est d'abord magnifiquement écrit. Les dialogues sont ciselés, jamais triviaux. Les destins s'entrecroisent avec brio, avec un sens du rythme et de l'ellipse confondant. L'idée de ne jamais voir le personnage du frère jusqu'à la fin est par exemple extrêmement forte.

Le casting est exceptionnel. Si Adèle Exarchopoulos domine le film et trouve ici son meilleur rôle depuis La vie d'Adèle, il faut signaler l'homogénéité du niveau de jeu de tous les autres protagonistes.

Il peut arriver qu'un bon scénario et un excellent casting soient illustrés par une mise en scène insipide. Ce n'est pas le cas ici. Jeanne Herry utilise avec brio toutes les possibilités qu'offre le cinéma pour ne pas ennuyer le spectateur (variétés des plans, plongées, variation de rythme et de lieu).

Le film parvient enfin, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, à éviter le chantage lacrymal et l'effet facile. S'il arrache aux spectateurs de nombreuses larmes, il ne le fait que par la qualité de l'écriture et la puissance de jeu des acteurs, indépendamment de tout effet de manche. Le symbole de cette sécheresse narrative est la magnifique séance finale de rencontre, et sa chute ultime, bouleversante.

Une réussite qui concrétise toutes les promesses de Pupille.  

Jeanne Herry sur Christoblog : Pupille - 2018 (**)

 

4e

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Gagnez 1 DVD de L'ombre de Goya ou 1 DVD du film Les repentis (Terminé)

l'occasion de leur sortie, je vous propose de gagner :

- 1 exemplaire du DVD du film Les repentis

- ou 1 exemplaire du DVD du film L'ombre de Goya

Pour ce faire :

- répondez à la question suivante : lequel des deux DVD souhaitez vous recevoir ?
- joignez votre adresse postale
- envoyez moi le tout par ici avant le 4 avril 20 h.
 

Un tirage au sort départagera les gagnants. Vous recevrez ensuite le DVD envoyé par le distributeur. NB : un des trois DVD sera attribué par tirage au sort à un participant ayant aimé ma page FB ou mon compte Twitter ou s'étant abonné à la Newsletter du blog (n'oubliez pas pour participer à ce tirage au sort spécial de me donner votre pseudo dans votre réponse, pour que je fasse le lien).

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Dalva

Sur un sujet extrêmement casse-gueule, Emmanuelle Nicot réussit un premier film puissant et lumineux.

Dalva, jouée par l'incroyable Zelda Samson, est une jeune fille de 12 ans qui vit complètement isolée, et que son père grime en femme pour abuser d'elle. Lorsqu'elle est arrachée à son géniteur, Dalva est dans le déni : elle ne voit pas où est le problème (elle déclare "aimer" son père incestueux), et surtout, elle est complètement déphasée par rapport aux autre jeunes filles du centre d'accueil où elle est placée.

Filmer une telle histoire nécessite un parti-pris radical et une sensibilité exacerbée : la réalisatrice met les deux en oeuvre en filmant toute l'histoire du point de vue de Dalva. La caméra, mobile, souvent portée à l'épaule, suit Dalva dans les méandres de son émancipation, respectueuse et discrète.

Dalva est court (1h30), précis et redoutable. Il explore la monstruosité de cette relation perverse avec lucidité et une grande empathie. Le travail de la justice et des éducateurs est très bien montré.

Un formidable premier film, que je vous recommande chaudement.  

 

3e

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Sur les chemins noirs

Même si l'ensemble de ce film n'est pas vraiment catastrophique, il faut reconnaître que rien n'y est bon.

Le pire est peut-être la façon dont il est écrit. Le scénario alterne les prises de vues en pleine nature avec de courts flash-backs qui ne présentent généralement aucun intérêt, et qui sont de plus raccordés fort maladroitement au temps présent.

L'interprétation de Jean Dujardin, qui entre parenthèses ressemble de plus en plus à Gilles Lelouche, n'est pas très convaincante. C'est un peu dur de le dire abruptement, mais sa crédibilité en intellectuel est assez faible, et il n'incarne pas à l'écran la rugosité dérangeante de Sylvain Tesson. Les autres personnages ne sont que des silhouettes grossièrement dessinées et mises en scène d'une façon souvent pataude (l'esthétique porno chic des scènes avec Joséphine Japy par exemple).

Si comme moi vous n'êtes pas fan des aphorismes pontifiants de Tesson, vous risquez de vous ennuyer ferme, et de regretter que le vertige de la marche au long cours, et en pleine nature, ne soit pas plus sensuellement rendu.

Le film réduit l'expérience physique extrême du personnage principal (1300 km tout de même) à une enfilade de cartes postales insipides dont on s'attend à voir surgir un Michel Drucker qui lancerait un sonnant "Formidable !" au spectateur, du haut du Mont Lozère ou d'une barque sur la Loire. 

Sur les chemins noirs respire le manque de talent dans toutes ses composantes.

 

1e

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Houria

Houria souffre des comparaisons.

Tout d'abord, son thème rappelle irrésistiblement celui d'En corps : une danseuse classique se blesse, sa vie et sa santé mentale en sont bouleversées, mais elle va se reconstruire en tissant de nouveaux liens sociaux et en s'initiant à la danse contemporaine. Mais là où le film de Klapisch emportait son spectateur, certes parfois avec maladresse, le film de Mounia Meddour semble figé dans son propos, et n'exalte pas vraiment les corps. 

Je n'ai pas été bouleversé par les malheurs de Houria, et sa rédemption ne m'a semblé ni crédible, ni jouissive : il y a un manque d'incarnation dans la façon dont Lyna Khoudri danse.

L'autre comparaison dont souffre Houria, c'est celle qu'on ne manque de faire avec le film précédent de la réalisatrice, Papicha : même actrice principale, même façon façon de filmer nerveuse, thèmes semblables (une jeune fille empêchée dans la réalisation de son destin artistique par la violence de la société algérienne).

Là où Papicha touchait toujours juste (profondeur du contexte, intensité des émotions, lente évolution du contenu narratif) Houria rate à peu près tout : les péripéties sont survolées (les combats du début par exemple), les relations entre les personnages ne sont qu'esquissées et le film apparaît au final comme un gentil portrait plutôt que comme un destin brisé.

On attend maintenant que la réalisatrice Mounia Meddour mette son talent, qui est grand, au service d'une histoire plus complexe et plus ambitieuse.

Mounia Meddour sur Christoblog : Papicha - 2019 (***)

 

2e

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The whale

Darren Aronofsky est le seul cinéaste capable de produire des films qui tantôt m'enthousiasment au plus haut point (The wrestler) et tantôt m'exaspèrent comme aucun autre (Mother !).

Il y a donc toujours pour moi une curiosité inquiète au moment de découvrir un nouvel opus de ce réalisateur.

Malgré les réticences de nombreux critiques, je dois dire que j'ai cette fois-ci beaucoup aimé The whale. J'ai apprécié l'incroyable composition de Brendan Fraser, et je trouve que le personnage de Charlie (230 kilos) est filmé avec une grande tendresse, et non, comme le certains le disent, avec complaisance. Comme souvent, je pense que les accusations de complaisance reflètent au moins autant l'état d'esprit de celui qui regarde (le spectateur est gêné de voir les choses en face pour des raisons qui lui sont propres) que celui du réalisateur, qui ne fait que montrer une réalité pas toujours amusante.

J'ai aimé beaucoup d'éléments dans le film : la mécanique rigoureuse de la pièce de théâtre, la fluidité extraordinaire de la mise en scène (le film est une leçon de technique en milieu confiné), la subtilité des sentiments que le film expose et procure, la puissance de jeu de l'actrice Hong Chau.

Le seul point qui m'empêche de mettre la note maximale tient à quelques facilités un soupçon trop mélodramatiques (les flashbacks de plage par exemple). Pour le reste, The whale est décemment émouvant, et le portrait qu'il dessine d'un homme à la fois égaré et résolu est passionnant.

Darren Aronofsky sur Christoblog : The wrestler - 2008 (****) / Black swan - 2010 (****) / Mother ! - 2017 (*)

 

3e

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