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Christoblog

TOP 20 des meilleurs films sortis en 2010 du N° 20 au N° 16

L'heure des bilans arrive.
Je me rends compte que j'ai été pile 100 fois au cinéma en 2010.

Alors, allons-y pour les 20 meilleurs films vus en 2010, et pour faire durer le suspense, je vais délivrer mon classement en 4 fois.


N° 20

Ce film bizarre et passé inaperçu a été pour moi une vraie bonne surprise, avec une actrice étonnante et des partis-pris de mise en scène (entre autre un huis clos total) osés mais saisissants et parfaitement maîtrisés.
Avec en plus un scénario très prenant et une jolie chute (de reins, mais pas seulement). Lire la critique

 


N° 19

Simon Werner est une sorte d'OVNI dans le paysage cinématographique français contemporain. Résolument old school dans sa réalisation, mais tentant audacieusement une approche à la Rashomon dans son découpage et son scénario.
Intellectuellement, j'ai été enthousiasmé. Lire la critique

 


N° 18

Même s'il a un petit peu fléchi en 2010 le cinéma coréen reste encore une mine d'or. Témoin ce très beau film, certes long mais d'une grande densité et d'une noirceur confondante.
Une actrice superbe. Lire la critique

 

 

 

 


N° 17

2010 a été une année faste pour les réalisatrices françaises (La vie au ranch, La reine des pommes, L'arbre, La comtesse), mais de tous ces films, c'est vraiment Belle Epine que j'ai envie de sortir du lot. Tout y est beau et Léa Seydoux y est magnifique.
Au vu de ce premier film assez exceptionnellement réussi, on peut attendre énormément de Rebecca Zlotowski. Lire la critique


 

 

 

N°16

C'était tout début 2010, et j'avais été séduit par ce film hors norme, en tout cas vu des Américains. Finalement je me rends compte avec le temps qu'il a laissé une trace vraiment profonde dans mon esprit.
Ewan McGregor y est confondant et Jim Carrey impérial. Lire la critique



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Another year

Jim Broadbent et Ruth Sheen. Diaphana DistributionAffreux.

Il y a des films mauvais, des films ennuyeux et des films insupportables. Another year fait partie de cette dernière catégorie, qui englobe en l'espèce les deux premières.

L'acteur principal (Jim Broadbent) est nul. Quand il regarde la caméra, on a l'impression qu'il oublie ce qu'est le cinéma. Il éructe de temps à autre une phrase convenue avant d'aller pianoter sur son ordinateur au ralenti. Une catastrophe. Sa femme est à peine meilleure.

Le couple principal est donc inexistant et on se prend souvent à se demander : mais quel intérêt de s'intéresser à ces faux bobos même pas drôles ?

Le problème N°1 du film est que chaque personnage semble écrit une fois pour toute en début de film et ne change plus d'un iota jusqu'à la fin, ignorant superbement les interactions avec les autres. Le fils, la copine du fils, l'ami Ken : ces personnages ne sont que des caricatures grossières. Le vrai personnage un peu intéressant du film est Mary (Lesly Manville), la copine sur le retour qui drague tout ce qui bouge, y compris le fils de ses amis. Elle est aussi caricaturale que les autres, mais elle évolue et on s'intéresse un peu à elle.

Quant aux messages que véhicule le film, on ne peut qu'être interrogatif : Cultivez votre jardin ? Ne vous occupez que superficiellement de vos amis ? Soyez écologiquement conforme ? Je sais tourner un film sur la solitude ? Je peux être aussi chiant qu'Antonioni ? A force de brouiller les pistes, Mike Leigh s'embourbe, avec une rare inélégance, et sur la longueur (2h09 interminables).

Bon, je renonce un peu à raconter tout ce qui fait de ce rogaton une des pires productions de 2010, parce que le coeur n'y est pas. J'écris mon billet un peu tard, mais si vous le pouvez encore : évitez-le.

 

1e

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Les émotifs anonymes

Benoît Poelvoorde & Isabelle Carré. StudioCanalEn cette fin d'année, Les émotifs anonymes peuvent constituer une option tout à fait raisonnable pour une bonne soirée ciné, pas prise de tête et très agréable.

Le scénario n'est pas d'une originalité folle (euphémisme !) et la mise en scène, si elle est propre, n'est pas à se rouler par terre.

Le film vaut donc principalement par le jeu assez extraordinaire des deux acteur/trice principaux.

Isabelle Carré est absolument magnifique en timide maladive, ingénue et parfois mutine. Elle sait multiplier les expressions et un seul frémissement de son visage peut évoquer une galaxie de sensations. Il y a en elle un peu de la Sabine Azéma des débuts. Benoît Poelvoorde est lui aussi au sommet de son art, tour à tour amusant et émouvant. Il réussit à garder cette fameuse expressivité qui la rendu célèbre tout en la rendant ici totalement crédible et en phase avec son personnage, il faut le dire taillé parfaitement à sa mesure.

Spectacle de qualité, sans une trace de vulgarité, le film culmine dans deux scènes de repas mémorables. Je sens un remake américain bien lourd pour dans un an.

 

3e

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Megamind

DreamWorks AnimationLa nouvelle production Dreamworks exploite le filon du méchant (au fond pas si méchant que ça) après Moi, moche et méchant.

La première demi-heure est époustouflante, méritant ****. Le rythme est très soutenu, les personnages extraordinairement attachants et/ou marrants, le second degré est manié avec dextérité (ce "No you can't" !), les scènes d'action sont dignes des plus impressionnants blockbusters, et le scénario est diabolique.

Ensuite, le film redevient progressivement mainstream, bien que certains aspects restent délectables et que les qualités énumérées ci-dessus subsistent, même si elles se diluent légèrement.

Un divertissement haut de gamme tout de même, aux thématiques pas si bêtes : qu'est ce que le bien, le mal, le libre arbitre ? Encore meilleur que Gru selon moi, et la 3D est très satisfaisante de surcroit.

 

3e

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Aidez Christoblog

Christoblog a disparu de la liste des 50 blogs les mieux notés : http://blogs.allocine.fr/accueil/topblog.blog

Bien sûr, je m'en fous.

Cependant, je me demande si vous êtes capables, amis blogueurs, de le faire ré-apparaître dans la liste des 50 en cochant le maximum d'étoiles là, à droite ? Hein ? Vous pensez pouvoir le faire ? Ah ouais, ben c'est c'est ce qu'on va voir.

Ouais !
Aujourd'hui 21 décembre Christoblog est 47 ème : merci à vous.

Et aujourd'hui 30 décembre 35 ème !


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Le voyage du directeur des ressources humaines

En cette période de fin d'année je vous conseille chaudement le nouveau film d'Eran Riklis (Les citronniers) : vous y trouverez votre compte d'émotions, de sourires, se surprises et de découvertes.

Le film s'avère être un trait d'union symbolique entre deux des pays les plus intéressants cinématographiquement à l'heure actuelle : Israel et la Roumanie.

Première partie à Jérusalem. Une employée d'une grande boulangerie meurt dans un attentat. Personne ne réclame son corps. Il s'avère qu'elle avait été licenciée il y a 1 mois, sans que le DRH ne le sache. Article de journal incendiaire, imbroglio : ce dernier doit pour restaurer l'image de son entreprise raccompagner le corps en Roumaine.

Deuxième partie en Roumanie, où le contraste est saisissant, tant du point de vue de la météo que des mentalités. Le film prend alors les dimensions d'une épopée picaresque de première qualité avec tous les ingrédients propres au genre : évolution des relations entre personnages, lieux improbables, problèmes administratifs et techniques de tout genre.

Le film est brillamment réalisé, monté dans un excellent tempo, parfaitement interprété par les acteurs et en particulier Mark Ivanir, qui trouve un ton très juste.

Bref,  pas grand-chose à reprocher à cette friandise cinématographique qui sait distiller toute une palette d'émotions sans jamais être mièvre : pas étonnant que le film ait obtenu le Prix du public au dernier festival de Locarno.

 

3e

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Nobody knows

Après le très beau Still walking, j'ai eu envie de me plonger dans la filmographie de Hirokazu Kore-Eda.

Nobody knows a très bien été accueilli à Cannes 2003, décrochant un prix d'interprétation masculine par l'intermédiaire de son jeune acteur de 14 ans, Yagira Yuya (photo ci-contre).

Le prétexte est simple : 4 enfants (2 filles, 2 garçons) sont livrés à eux-mêmes dans un appartement tokyoïte, alors que leur mère poursuit au loin une énième histoire d'amour. On devine au passage que chacun des enfants a un père différent, bien que l'identité des géniteurs n'est d'ailleurs qu'imparfaitement établie.

Le film m'a déçu. Je l'ai trouvé long (2h20) mais surtout manquant de ressorts dramatiques (il n'y en a qu'un en vérité, traité en ellipse de telle façon qu'il n'émeut pas réellement). Le scénario est lâche et décevant, et même si l'interprétation des acteurs est passable, je trouve que la personnalité de chacun des enfants n'est pas assez développée. Je m'attendais à plus d'inventivité de la part du scénariste.

J'ai aussi trouvé que l'image DVD était vraiment mauvaise, ceci expliquant en partie peut-être ma déception. La vie quotidienne à Tokyo (les supérettes, les rayons de mangas, les Pachinkos, la ligne de métro Yamanote, les distributeurs de boissons, etc) est par contre parfaitement montrée et cela contribue à donner un certain charme à ce film lent et un peu paresseux.

En bref je n'ai pas retrouvé cette sérénité tendue qui émanait de Still walking

 

2e

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Peau d'âne

Peau d'âne est un superbe film de Noël.

Formellement c'est un objet d'une étrangeté exceptionnelle. 3 mondes plus étranges les uns que les autres se succèdent : le bleu, celui du début, organique, incestueux, inquiétant, le vert, celui de la cabane dans la forêt, végétal, accueillant, puis le rouge, celui du Prince, minéral et froid.

Demy et Varda, durant les deux années qu'ils ont passés en Californie avant la réalisation de ce film, n'ont pas du boire que de l'eau, ni fumer que des cigarettes. Peau d'âne est en effet pétri d'influences psychédéliques (il suffit de regarder l'affiche : on dirait un album de Yes) en même temps que façonné par des tas d'influences directes : Cocteau et Disney principalement.

Ce qu'il y a d'incroyable, c'est de constater toujours cette invention propre à Demy, fait d'un mélange unique de magie, de douleur et de beauté formelle, qui donne à chacun de ses films un caractère absolu et intemporel.

Delphine Seyrig est à croquer en fée coquine, Jean Marais impérial en roi amoureux de sa fille et Deneuve divine en Princesse aux deux visages. Un film vraiment magique

 

Tout Demy sur Christoblog.

 

3e

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Un balcon sur la mer

Marie-Josée Croze. Les Productions du Trésor - Europacorp - France 3 Cinema - Pauline's AngelJe n'attendais que très peu du film, et c'est ce que j'ai eu.

Le début est pourtant pas mal du tout. Belle mise en scène, intrigue légèrement hitchcockienne sur le thème de l'usurpation d'identité sur fond d'Algérie française, beaux parallèles présent/passé, enfants/adultes... peut-on rattraper le temps perdu ? Si Dujardin ne me convainc toujours pas dans les rôles sérieux, Marie-Josée Croze est plutôt bonne. Une belle lumière aussi.

Pourquoi le film se saborde-t'il brusquement vers son premier tiers en révélant platement et gauchement (pauvre Claudia Cardinale, c'est bien triste de la voir dans cet état) son mystère nodal, puis en greffant des intrigues improbables et inintéressantes (l'arnaque, la romance entre l'héroïne et l'italien) : on se le demande.

Plus le film avance, plus il devient insipide et sans âme, finissant carrément dans le pathétique ridicule, pélerinage nimbé de bonnes intentions en Algérie, et final sous la pluie étiré au possible ("Je me suis perdu" !) en passant par une tirade très mal écrite de Dujardin dans un appartement vide.

Probablement Nicole Garcia a mis trop d'elle même dans ce film, son implication l'a paralysée dans son expression, et le résultat réussit à ne pas être émouvant alors que sa matière première est potentiellement super-mélodramatique.

Bien essayé, mais donc raté au final.

 

2e

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Mad men (Saison 1)

Elisabeth Moss. AMCEn juillet 2007, une petite chaine télé américaine, AMC, surprenait le monde télévisuel américain en présentant une série résolument originale : Mad men.

Pas de vedettes, pas ou peu d'action, pas de cliffhanger en fin d'épisode. Bref, un condensé de procédé anti-commerciaux qu'on pensait réservé à HBO, et encore.

Nous sommes dans les années 60, au sein d'une agence de publicité. Il faut bien le dire, au début on n'y comprend pas grand-chose, tellement le langage, ainsi que les comportements, sont codés et datés. Tous les hommes fument et boivent comme des trous, y compris au travail (quelle époque !) et songent aussi à sauter leur secrétaire, qui a priori est assez souvent du même avis.

Un début déstabilisant, dans lequel les personnages n'ont pas grand relief. Il faut attendre la moitié de la saison pour se familiariser avec Don Draper et ses acolytes qui finalement ont chacun leur personnalité. Les femmes sont encore plus intéressantes. Si la secrétaire du boss est une bombe sexuelle intrigante, la petite nouvelle (Elisabeth Moss, ci contre) s'avère être une coriace, et intelligente qui plus est. La femme de Don, dépressive, constitue un tableau poignant de la situation de la femme au foyer.

Un coup de théâtre éclairant le passé de Dan éclaire l'épisode 10 et à partir de là, on peut dire que la série est parfaitement lancée.

Ce qui fonde la différence de Mad men d'avec ses illustres prédécesseurs des early 2000 (Lost, Alias, 24), c'est la qualité de la mise en scène, la recherche de la perfection pour tous les éléments (décors, musique, photo) qui rendent le produit fini aussi estimable qu'un film : le pitch, le concept ne sont plus au coeur de l'intérêt qu'on porte à la série. En ce sens on se rend mieux compte aujourd'hui du rôle de passeur qu'on joué deux grandes séries des années 2000 : Les Sopranos et The wire.

Je reviendrai à l'occasion de mon billet sur la saison 2 sur Mathew Weiner, le showrunner de la série et sur ses influences, de Sirk au cinéma français en passant par l'écrivain méconnu John Cheever, un des inspirateurs de Bret Eaton Ellis.

 

3e

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We are four lions

UFO DistributionDeux choses :

1 - je n'ai pas ri autant au cinéma depuis ... je ne m'en souviens même pas. Peut-être était-ce parce que la salle était pleine et que dans ce cas vous avez toujours des spectateurs qui ont un tel rire qu'ils entrainent tous les autres. En tout cas, il s'agit bien du rire qui vous fait mal au diaphragme et vous donne des crampes aux zygomatiques, pas le petit rire qui vous remonte le bord des lèvres.

2 - il n' y a que les Anglais pour pousser une idée grotesque aussi loin, sans donner l'impression d'hésiter une seconde devant le mauvais goût, l'outrance ou le qu'en dira-t-on.

Il y a donc bien une saveur de Monty Python qui plane au-dessus de ce film qui nous raconte l'histoire de 5 musulmans qui veulent se transformer en bombe humaine au Marathon de Londres.

Le scénario, très subtil, évite soigneusement de se coltiner avec le phénomène religieux proprement dit (je en crois pas qu'on y site Allah une seule fois) pour se concentrer sur le fait politique du djihad. Le film distille par ailleurs toute une série d'ambiguités bien venues et qui lui donnent sa complexité : la femme et l'enfant du leader, l'incurie des politiques, la perversité du musulman anglais qui entraîne les jeunes recrues à se pisser dans la bouche, l'aveuglement des anglais eux-mêmes, etc...

Le caractère désopilant du film s'accentue de scènes en scènes en atteignant son climax lors du Marathon, puis encore plus selon moi lors des vignettes du générique de fin, toutes plus drôles les unes que les autres.

La comédie de l'année, et de loin, à ne rater sous aucun prétexte.

 

3e

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A bout portant

Gilles Lellouche. Gaumont DistributionFred Cavayé est l'auteur du remarqué Pour elle, dont le remake américain Les trois prochains jours est sorti mercredi dernier.

Avec A bout portant (drôle de titre passe-partout qui n'a que peu de rapport avec l'intrigue) il creuse son sillon dans la veine "film d'action couillu à la française". Malheureusement, même si la mise en scène est assez efficace et le film globalement regardable, les grosses incohérences du scénario viennent plomber l'impression finale.

Par exemple : comment, dans la scène d'ouverture, un gars qui a une plaie béante dans le ventre peut il presque semer deux gars en pleine forme qui ne sont au début qu'à 10 mètres de lui ? Plus grave, le clan des flics pourris n'est pas très crédible (ramener la femme enceinte dans les locaux de la police pour la balancer par la fenêtre ?!) et Lanvin (de plus en plus mauvais au fil des films) en fait des kilos. Il est un acteur des années 80 et le restera toute sa vie, on peut le craindre.

Les ficelles sont très grosses, voire énormes. En ce sens Cavayé est destiné à être américanisé facilement et rapidement.

Finalement ce sont les deux acteurs principaux qui s'en tirent le mieux. Gilles Lellouche, en brave p'tit gars halluciné et bagarreur, et Roschdy Zem, impérial en tueur impassible, arrivent à faire tenir le film debout. De peu.

2e

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Mardi, après Noël

Maria Popistasu, Mirela Oprisor et Mimi Branescu. ShellacEt dire que des films aussi intéressants que celui-ci ne seront vus que par une poignée de spectateurs. C'est triste. Si mon blog sert à quelque chose, j'espère que c'est au moins à ça : que des films comme Mardi, après Noël, obtiennent quelques spectateurs de plus.

De quoi s'agit-il ?

Paul trompe sa femme avec Raluca, une dentiste, depuis juillet. Nous sommes dans la semaine précédant Noel. Tout à coup Paul décide de dire la vérité à sa femme. Ils ont une ravissante petite fille de 8 ans, Mara.

C'est simple, c'est limpide. Le film ne montre pas de choses extraordinaires, juste une phase que des millions de couples ont vécu : pendant une semaine, la vie quotidienne, les petits tracas, le choix des cadeaux de Noel, les mensonges, puis la Grande Vérité.

Radu Muntean filme ses protagonistes d'une façon assez extraordinaire, un peu comme un entomologiste étudierait des insectes. Je ne crois pas qu'il y ait une seule musique dans le film, et très peu de mouvements de caméra. Le tout est très dépouillé, presque ascétique. Les plans fixes (ou a minima les plans séquences très longs) se succèdent, les personnages entrants et sortants du cadre, le réalisateur jouant avec la profondeur de champ et la composition de ses cadres avec une précision hallucinante. La mise en scène est impériale.

Paul est fabuleux de réserve et de conviction, constatant avec un calme et une détermination hors du commun la puissance de l'attraction qui l'attire vers une autre femme que la mère de sa fille. Sa maîtresse est superbe, gênée des dégâts qu'elle sait causer. L'épouse enfin est extraordinaire dans son orgueil blessé, puis sa résignation efficace.

Le film culmine dans trois scènes remarquables : la première, long badinage de deux âmes et deux corps nus, la scène chez le dentiste où la maîtresse rencontre fortuitement la femme de son amant et se perd dans des explications techniques qui l'aide à supporter ce moment terrible, et la scène de rupture, un des plus beau moment de cinéma de 2010, si ce n'est le plus beau, formidable de maîtrise.

On retrouve dans ce film cet instinct brut que semblent posséder les cinéastes roumains pour filmer le fatum en marche et donner toute la nuance de la palette des sentiments qu'un être humain peut éprouver. Même si le film est un cran en-dessous, on ne peut pas ne pas penser à la sécheresse épouvantablement humaine de 4 mois, 3 semaines, 2 jours.

Un très beau film, qui n'est pas éclatant sur le moment, mais qui fait partie de ces oeuvres qu'on est fiers d'avoir vu, parce que des jours après, il vous font sentir plus intelligent, plus sensible, plus fort.

 

4e

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Thirst, ceci est mon sang

A chaque vision d'un film de Park Chan-Wook (Old boy, Lady Vengeance, Je suis un cyborg...), je me fais la même réflexion : ce mec est fou.

Pas fou intelligent, ou gentiment folledingue, non, vraiment ravagé. Bien, sûr on songe à Cronenberg, mais ce dernier fait figure de sage séminariste à côté des excentricités de notre ami Park.

Thirst ne se satisfait pas d'un scénario complètement allumé (un prêtre qui teste un vaccin devient accidentellement un vampire), mais il lui faut accumuler les circonstances les plus abracadabrantes (la belle-mère qui devient paralysée et assiste impuissante à des tas d'horreurs, le noyé dont le corps réapparaît dans les moments les plus bizarres, y compris entre les deux amants en plein coït !!).

Les effets de décors (cet intérieur absolument blanc), le jeu des acteurs et la mise en scène sont absolument excentriques, et comment dire ... un peu too much. La démesure n'arrête donc pas le réalisateur : c'est parfois très réussi, souvent d'un mauvais goût tellement outrancier qu'on a peine à croire à ce qu'on voit, et presque tout le temps surprenant.

Si Song Kang-Ho (quel acteur !) joue son rôle avec une certaine mesure, l'actrice principale Ok-bin Kim est très ... expressive et, il faut le dire, assez craquante.

Au final, Thirst représente autant une expérience de vie qu'un film, tellement le tourbillon d'images, de sentiments et de réflexion qu'il entraîne échappe à l'analyse conventionnelle.

 

3e

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La comtesse

J'attendais beaucoup de ce film, que j'avais raté lors de sa sortie en salle. Peut-être trop.

Je m'attendais à quelque chose de très noir, de très gothique, et finalement c'est presque une bleuette à l'eau de rose que conte le film. La comtesse Erzsébet Bothory perd son mari, elle est très puissante, a de nombreux amant(e)s, mais tombe particulièrement amoureuse d'Istvan Thurzo. Elle pense que le sang des vierges l'empêchera de vieillir et du coup en trucide quelques centaines.

Le film, d'une certaine façon, m'a fait penser à La Princesse de Montpensier par la qualité de sa reconstitution historique. Le casting y est évidemment bien meilleur, même si Daniel Brühl n'est pas très charismatique.

Ce qui cloche un peu c'est qu'on sent trop la présence de Julie Delpy, actrice, réalisatrice et coeur battant du film. La réalisatrice impose tellement sa personnalité que le personnage de la comtesse a du mal à exister. D'autre part, la multiplicité des propos qu'esquisse le film (les relations homosexuelles, la sorcellerie, l'amour, l'Histoire, le complot) nuit un peu à sa densité. On finit presque par perdre de vue l'horreur des crimes commis, et surtout leur raison profonde nous reste inconnue. Qui trop embrasse mal étreint.

Film ambitieux et plaisant à regarder, La comtesse donne l'impression d'être un devoir de maths réalisé par une élève douée et appliquée, mais qui manque de conseils pour être vraiment brillante. A suivre.

Cette critique a été réalisée dans le cadre d'une opération DVDTrafic, organisée par le site Cinétrafic. Voir sur ce site d'autres avis sur La comtesse, et une thématique sur les réalisatrices. Le distributeur du DVD est Bac Film.

2e

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Le nom des gens

UGC DistributionEn voilà une belle comédie consensuelle franchouillarde, capable de faire rire tout le bon peuple de gauche, et aussi celui de droite (enfin, peut-être un peu moins celui de droite quand même).

En se moquant dès l'ouverture des personnes qui portent des noms très répandus (le héros s'appelle Arthur Martin), le réalisateur (Michel Leclerc !!) trouve un ton et un gimmick qu'il exploite correctement dans la première partie du film. L'absence d'attachement aux origines (arabes pour elle, juives pour lui) donne l'occasion de s'appesantir sur l'histoire personnelle des deux personnages tout en savourant quelques digressions purement politiques, dont la fameuse apparition de Lionel Jospin. Vers le milieu de film on peut considérer qu'on est en train de regarder un Lelouch réussi (si on peut imaginer) ou un Jeunet potable, d'autant que Gamblin et Sara Forestier sont très efficaces.

Malheureusement je trouve la deuxième partie du film moins réussie, le pathos ne sied pas aux personnages et les tics de mise en scène rappellent pour le coup le mauvais Lelouch (le passage à la plage filmé en simili super 8). On regrette aussi le burlesque léger du début du film, par exemple les inventions adoptées par les parents d'Arthur toujours à contre-temps.

Reste un divertissement honorable qui n'hésite pas à franchir parfois les frontières du mauvais goût avec détermination. En parlant à sa belle-mère dont les parents sont morts à Auschwitz, Bahia enchaîne des sujets de conversation suivants : un job dans les wagons (lits), un autre dans les camps (de vacances), avant de parler de four à propos de son dîner. Il faut quand même oser.

 

2e

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Memory lane

Memory lane est un film mineur en mode mineur.

Je ne sais pas quoi ajouter d'autre : il ne s'y passe que des évènements sans consistance, avec des personnages de jeunes adultes qui n'ont même pas la fantaisie (sans parler de la libido) d'adolescents. Bref, en 2010, sachez que le comble du hot c'est de prendre la main d'une copine en marchant.

Le film a l'air de plaire aux Cahiers, aux Inrocks et à d'autres, qui pensent que le fait de capter un regard suffit à faire un film. Mais que nous montre vraiment le réalisateur ? Des feuilles mortes et des jeunes adultes qui font de la musique, vont à la piscine, se baladent, vont à des fêtes. Bref, ce que vous avez fait ce week-end.

Memory lane c'est un petit peu Les petits mouchoirs avec 25 ans de moins, et sous Lexomyl.

Le plus bizarre c'est qu'on ne s'ennuie pas vraiment. Comme quoi Mikhaël Hers doit avoir du talent. Espérons que pour son second film il ait aussi un scénario, ou quelque chose qui y ressemble. Et qu'il arrête de vouloir copier maître Kieslowski en mettant le même inconnu sur le chemin de ses principaux personnages.

 

1e

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Le fossé

Il y une tradition à Venise : celle du film surprise. Les festivaliers entrent dans la salle sans savoir quel film va leur être projeté.

A la dernière Mostra, ce sont des crédits en français (Arte...), puis des idéogrammes chinois que les spectateurs ont découvert, ceux du générique de la première fiction de Wang Bing.

Ce dernier est souvent considéré comme le plus grand documentariste vivant. Son documentaire fleuve de 9 heures A l'Ouest des rails est considéré comme un film culte. 

La projection de ce soir*  revêtait donc un caractère spécial, digne des plus grands festivals (le film a aussi été présenté à Toronto). La fête aurait été complète si Wang Bing n'était pas resté cloué au lit en Chine par un mystérieux "mal des montagnes" qui l'empêcherait de prendre l'avion...

Autant le dire tout de suite, le film est particulièrement éprouvant, émotionnellement et intellectuellement.

Nous sommes en 1960, dans un camp de rééducation, dans le désert de Gobi, en plein hiver. Les prisonniers habitent dans des sortes de caves creusées dans la terre, comme des rats. La famine et le froid glacial leur rendent la vie très diffcile.

Dès les premières minutes, on voit les cadavres s'entasser, et durant tout le film les morts vont se succéder à une cadence infernale, à tel point qu'à un moment un personnage dit à un autre, qui vient de découvrir un cadavre : "finis de manger, on s'en occupera après".

L'horreur est montrée sans ostentation particulière, mais la caméra froide et élégante de Wang Bing ne fait pas de cadeau non plus : un prisonnier vomit, son ami ramasse la nourriture pour la manger, un homme raconte qu'un autre a brûlé les poils d'un vêtement en mouton puis à fait griller la peau pour la manger, on entend qu'un cadavre a été retrouvé en partie dépecé au niveau des fesses et des mollets.

Dans des paysages d'une platitude irréelle, filmés magnifiquement, constituant une véritable prison à ciel ouvert, le film s'écoule avec la lenteur du plomb. Sorte de synthèse du cinéma de Bresson, des espaces américains de Ford et de souvenirs du goulag. Un vertige métaphysique peut saisir le spectateur à mi-film : où sont les gardiens ? Pourquoi ces gens sont-ils là exactement ? Il marque les esprits probablement d'une façon indélébile (en tout cas le mien), avec ce style inimitable que les Chinois de la nouvelle génération (comme Jia Zhang-Ke) savent donner à leurs films : la réalité y semble être inventée, alors que la fiction y a l'aspect d'un documentaire.

En bref, pas vraiment super rigolo, mais très puissant. Brrrr

26 novembre 2010, au Festival des trois continents à Nantes

 

2e

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Alamar

Alamar est le type de film chéri des festivals (Toronto, Rotterdam, Miami, Toulouse, Berlin, La Rochelle, San Francisco, Buenos Aires ...).

A mi-chemin du documentaire et de la fiction minimaliste, il nous présente comment un enfant issu d'une union mixte (sa mère est italienne, son père mexicain) va vivre le temps des vacances avec son père et son grand-père, entre hommes, isolés sur une des plus grande barrière de corail du monde, dans le Golfe du Mexique.

Dans ce genre de film, comme il ne se passe quasiment rien (pêche, lecture, lutte, dessin, hamac, crocodile, héron, rencontre parcimonieuse d'autres humains, nettoyage des bateaux,  pluie), l'intérêt ne peut être maintenu que par un art évolué de la mise en scène et de la direction d'acteur, et encore plus du montage.
 
Alamar, de ce point de vue là, fonctionne très bien et justifie sa moisson de prix festivalière.

Le film possède une saveur particulière que le spectateur gardera longtemps en tête, saveur composée de noblesse des corps et des âmes, de pieds qui ressemblent à des mains, de simplicité retrouvée, de nature bigger than live. Le père et le fils, à la vie comme à l'écran, sont superbes de naturel et de complicité respectueuse. Les rapports humains semblent dans le film mis à nu, désossés, débarrassé de toute graisse superflue (comme les corps). La caméra, très proche des acteurs, scrute avec une rare perspicacité la découverte mutuelle d'un fils et de son père.

Un beau film.

2e

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Belle épine

Quel beau film.

Bien sûr, les esprits chagrins diront qu'il ne s'y passe grand-chose. Ils chichiteront ici ou là, oubliant qu'il s'agit d'un premier film.

C'est qu'ils n'auront pas vu cette extraordinaire sensibilité que tous les visages expriment, cette profondeur de la mise en scène discrète et sensuelle. Travail sur la profondeur de champ, sur le cadre, les couleurs, les mouvements de caméra, les premiers plans : on ne peut qu'être admiratif devant la maestria de la jeune réalisatrice, même si parfois ce brio tourne à la démonstration un peu vaine (le plan des motards se passant le pot d'échappement - à l'évidence inspiré de Rembrandt, ou la performance très théâtrale du cousin en juif rebelle). 

Partout la mort rôde. Dans un tatouage. Dans le coeur de Prudence. Dans une flaque d'huile. Dans une écharpe. Dans un fantôme. Partout la mort. L'amour n'est pas vraiment au rendez-vous. Alors quoi ? Le vent dans les cheveux, l'ivresse de la nuit et de la vitesse, le désir. Prudence éprouve durant tout le film ce que la dernière scène (le sonotone amplifie le son de la rue) montre de façon méthaporique : un éveil des sens, amplifié par le deuil. 

On souhaite un grand grand avenir à Rebecca Zlotowski qui signe ici un film d'une grande qualité qui confirme un certain renouveau du cinéma français(e). Les jeunes filles sont à la mode, filmées par des filles (ou pas) : La vie au ranch, Des filles en noir. Tant mieux.

 

3e

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