True blood (Saison 1)
Evidemment, nous étions plus d'un à attendre la nouvelle série d'Alan Ball, le génial créateur de Six Feet Under, réputée meilleure série de tous les temps, ou presque.
Dans la foulée d'un revival vampire qui vit presque simultanément émerger le fade Twilight et le génial Morse, on se demandait franchement ce que le second degré gay de Ball pouvait bien avoir à faire avec une intrigue lourdingue dans la chaleur caoutchouteuse et moite des bayous de Louisiane.
Et à dire vrai, les premiers épisodes de True blood vous laissent un peu comme deux ronds de flans. Le générique est génial, sûrement le plus beau de toutes les séries que j'ai pu voir, mélange arty de religion, de cadavres dévorés par les vers, de sexe débridé et de vaudou torride. La composition des personnages principaux est confondant de premier degré assumé : Anne Paquin est une exquise-craquante-délicieuse télépathe vierge, son frère un obsédé sexuel comme on en voit peu (queutard est un doux euphémisme pour le qualifier), Chris Bauer est un gros (gros) nul de policier, Stephen Moyer un vampire plus exsangue que nature.
Tout cela donne une salve d'épisodes dont on ne sait pas si c'est du lard ou du cochon, la finesse et le manque d'action (relative) de SFU étant ici transmutée en fantaisie foutraque avec serial killer qui zigouille impunément des personnages dont on pensait qu'ils pouvaient tenir plusieurs saisons (la grand-mère), sexe foutrement explicite (cf premier épisode) et coup de théâtre flou totalement inattendu (voir les deux derniers épisodes).
Les personnages secondaires (Lafayette et sa soeur, le magnifique Sam Merlotte qui nous ménage un chien de sa chienne) sont particulièrement savoureux.
La patte d'Alan Ball se révèle progressivement dans cette façon de prendre les choses à rebours : je pense à l'asservissement du gros vampire par Sam et sa compagne, et sa fin aussi tragique qu'abrupte, à la façon dont la jeune victime de Bill vit sa nouvelle vie de vampire : à chaque fois le mauvais goût l'emporte, mais Ball parvient à nous le faire prendre comme quintessence de ce qui mérite d'être vécu. Irrésistiblement, l'atmosphère sèche comme un coup de trique qui préludait à chaque début/décès des épisodes de SFU nous revient en mémoire.
Si SFU pouvait être qualifié de série de bobo, True blood renoue avec un style beaucoup plus popu, bien que par moment très pointu, un peu comme si Alexandre Dumas avait croisé le chemin de Jean-Paul Gauthier.
Je vais maintenant m'attaquer à la saison 2, plein d'une impatience teintée par le goût du sang.
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