Téhéran
Il n'y a rien de vraiment photogénique dans la ville de Téhéran. Pourtant il est vrai que les films qui y sont tournés y trouvent un supplément d'âme, comme d'une certaine
manière les films tournés à New York. Ce sont peut-être ces files interminables de voitures, ses quartiers variés et sur lesquels flotte un petit quelque chose qui les unit quelque soit leur
standing : une sorte de qualité de vie, de tranquillité douce, de lumière spécifique jouant avec la poussière.
Téhéran - le film, avant d'être le polar que revendique l'affiche est avant tout un portrait de la ville. La trame noire de l'intrigue (Ebrahim loue un bébé pour faire la manche, se le fait voler
par une prostituée, et doit beaucoup d'argent au trafiquant d'enfant à qui le bébé appartient) s'étend tranquillement, voire paresseusement, parfois à coup d'ellipses surprenantes.
On prend donc son temps pour découvrir une belle galerie de personnages :
- la femme d'Ebrahim, enceinte
- ses amis : Madjid, un homme naïf et coquet qui va être à l'origine de la perte du bébé et en paiera indirectement le prix, et Fatah, au physique de Marx Brother, dont le mariage chiite est une
des scènes les plus surprenantes du film
- une prostituée magnifique, mais qui elle aussi paiera le prix pour ne pas respecter les règles
- les différents parrains, souteneurs, trafiquant qui ont tous cette cruauté froide et manipulatrice, qui partout dans le monde broie l'innocence sans états d'âme
Le parti-pris de vérisme extrême donne au film une patine très intéressante, proche du
documentaire, qui n'est pas sans rappeler le néo-réalisme italien, dont il s'approche également par l'aspect inéluctable de la destinée de ses personnages. Il y a un peu du Voleur de bicyclette
dans Téhéran (Tehroun en VO)
Ce n'est pas dans mes habitudes mais je vous conseille la lecture du dossier de presse sur le site du producteur Haut et
court, il est très bien fait et comprend une interview passionnante du réalisateur qui décrit les conditions de tournage, très difficiles.
L'Iran sur Christoblog : cinéma iranien.
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