Pieds nus sur les limaces
Il est assez rare qu'un film arrive à
me convaincre sur la durée, lorsque j'ai été déçu par son début. C'est pourtant ce que parvient à faire brillamment Pieds nus sur les limaces.
Lily est simple d'esprit et vit à la campagne avec sa mère, qui meurt brutalement, dans des circonstances curieusement identiques à celles de la mort du père dans L'arbre. Sa soeur, bien
éduquée, vivant en ville, mariée avec un homme à responsabilité, doit s'en occuper.
Les personnages sont dans les premières minutes dessinés à tellement gros traits qu'on se demande jusqu'où la caricature va nous emmener : le visage de Diane Kruger est désespérément vide, et
Ludivine Sagnier semble surjouer. Et puis le film se transforme, par l'enchantement d'une sorte de féerie dictée par la nature, qui n'est pas sans rappeler le très beau Lady Chatterley de Pascale Ferran.
Ludivine Sagnier élève son niveau de jeu et devient vraiment son personnage. Diane Kruger se met à l'unisson, dégageant progressivement un charisme fragile et des failles béantes. La mise en
scène, qui montre quelques afféteries en début de film, se tend progressivement pour devenir sèche et précise. Le film culmine alors à des hauteurs qui le laisse en équilibre entre plusieurs
genres tout aussi maîtrisés les uns que les autres : thriller psychologique (la douche, la visite des 3 lascars, les 3 garçons dans la caravane), drame familial (le nounours pendu), la comédie
sentimentale (le rugbyman), le filme de province chabrollien (le pique-nique au bord du lac) ?
Un film dont les défauts sont compensés par de grandes qualités de mise en scène et de direction d'acteurs, et qui confirme la forme éclatante des réalisatrices françaises. A suivre.
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