Pater
Pater est vendu pour ce qu'il n'est pas.
A lire la presse, il serait un OVNI cinématographique. Comparable à Mulholand drive, d'après Lindon lui-même - excusez du peu. Or, le film est d'une
simplicité biblique : au départ Cavalier (le metteur en scène) fait la connaissance de Lindon (l'acteur), puis petit à petit se met en place une fiction dans laquelle Cavalier (président de la
république) se heurte à Lindon (premier ministre). Le glissement se fait de façon assez nette et peu ambigüe : c'est une des grosses déceptions du film. Un seul moment est vraiment jouissif dans
le domaine de la confusion des genres, c'est la crise de jalousie de Lindon envers son successeur au poste de premier ministre, dans laquelle il attaque l'acteur autant que le personnage.
Les deux acolytes manient le niveau zéro du discours politique, accumulant (à dessein ?) grosses erreurs (les ministres ne sont pas élus) et simplification outrancière (les jeunes veulent du
fric). De programme il n'est pas question, la dimension politique du film se résume à une question anecdotique sur le montant du salaire maximum, par rapport au salaire minimum.
Le bac à sable est équipé fort simplement, il s'agit de ne pas faire riche. Tout est donc pauvre : l'éclairage, les débats, les cravates en laine, le jeu des acteurs. D'ailleurs, Lindon ne
réussit jamais à entrer complètement dans son rôle. En de nombreuses occasions, il reste coi, fixement d'un oeil bonasse Cavalier faire son show, ne sachant visiblement pas quelle attitude
adopterait un premier ministre en de telles circonstances (le bar, la visite chez le boulanger, la conversation à trois entre les portes).
C'est donc finalement à un caprice d'enfant qu'on assiste, Alain Cavalier cabotinant devant sa propre caméra, mêlant la psychanalyse de comptoir au bricolage d'atelier cinéma, niveau CM2.
Je ne comprend vraiment pas ce qu'une partie de la critique trouve au film, si ce n'est de considérer que la mise en abyme cheap devient trendy pourvu qu'elle soit arrosée de grands crus,
indépendamment de l'angélisme de son propos et de l'approximation de sa confection.
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