A l'ouest des rails (Rouille)
A l'ouest des rails fait partie de ces films dont beaucoup de cinéphiles ont entendu parler, mais que très peu ont vu.
Il faut dire que l'idée de se coltiner un documentaire chinois de plus de 9 heures (oui, vous avez bien lu) sur la fermeture d'un complexe sidérurgique géant (vous lisez toujours bien), peut en refroidir plus d'un.
Cette critique concerne la première partie du film (Rouille), qui dure un peu plus de 4 heures.
La première comparaison qui m'est venue à l'esprit, c'est Alien. Passée une fascinante introduction sous forme d'un long travelling avant, monté sur un train s'enfonçant dans l'usine enneigée, le film impose tout de suite un point de vue quasi onirique sur ces lieux gigantesques (plus d'un million d'ouvriers ont travaillé dans ce complexe), dans lesquels les hommes paraissent des fourmis. Au milieu du métal en fusion, ils semblent démunis et en danger. Lorsqu'on les voit dans l'intimité de la salle de repos, ou dans les bains, on songe à des explorateurs se réchauffant dans le cocon de leur vaisseau spatial.
Le film, contre toute attente, n'est pas ennuyeux.
Il alterne trois types de séquences, ce qui ne laisse jamais la monotonie s'installer :
Wang Bing sait faire ressentir le temps qui passe (les évènements se déroulent sur plusieurs années) et de nombreux évènements marquants scandent le récit (un ouvrier est licencié, un autre meurt accidentellement dans une mare, du métal en fusion se répand accidentellement sur le sol..). On s'attache progressivement à ces Chinois qui paraissent toujours stoïques face à l'absurdité ubuesque de certaines situations.
Le film parvient ainsi à tenir en haleine (une gageure !), tout en présentant un objet qui ne ressemble à aucun autre et qui laissera à coup sûr son empreinte dans l'histoire du cinéma.
Commenter cet article