Le complexe du castor
Le complexe du castor est à la fois très touchant et bancal.
Walter est en pleine dépression. Attention, pas la petite déprime que nous connaissons tous un jour ou l'autre, non, la vraie maladie, qui vous rend étranger à votre propre vie. Sa femme le vire,
à regret, poussée par son grand fils, et pour protéger le plus petit.
Par miracle, Walter trouve une vieille peluche de castor qu'il enfile sur son bras gauche telle une marionnette et qui devient en quelque sorte son interprète vis à vis de l'extérieur.
Il faut reconnaître au couple Gibson / Foster l'immense mérite de rendre crédible cette situation improbable. Jodie Foster est vraiment remarquable, souple et subtile. Sa mise en scène est
finalement à son image : élégante, recherchée et discrète à la fois. Mel Gibson n'a que très peu de variantes dans son jeu, mais il est très convaincant. Le castor est incroyable : je ne sais si
des trucages numériques ont aidé à l'animer, mais on le croirait vivant.
Cette indépendance de la peluche (et de la part de personnalité de Walter qui le commande) augmente au cours du film jusqu'à devenir franchement inquiétante dans une scène exceptionnelle dont je
ne peux évidemment rien dire...
L'histoire du fils est intéressante aussi. Il ne craint qu'une chose : ressembler à son père. Sa copine est jouée par Jennifer Lawrence, que j'ai peiné à reconnaître après son magnifique
rôle dans l'exceptionnel Winter's bone. Comme quoi, le maquillage....
Malgré toutes ces qualités, le film paraît toutefois maladroit par moment (la voix off, l'histoire du jouet), et finalement semble plus un conte qu'une histoire très travaillée. Cette impression
est accentuée par certains manques, comme l'absence étonnante du corps médical dans l'histoire.
L'ensemble reste toutefois très solide, et l'émotion y rôde dans chaque plan.
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