Paris Cinéma 2011
Christoblog est présent (et accrédité) au
Festival Paris Cinéma, pour quelques jours.
Au programme : voir une partie des films en compétition, quelques avant-premières aussi, et picorer si possible dans les nombreuses thématiques proposées par le festival : Mexique, rétrospectives
Skolimowski, Don Siegel, Isabella Rossellini, Bernal...
Comme je ne pourrai pas écrire de longues critiques des films vus au fil de l'eau, vous trouverez ci dessous des chroniques qui seront complétées courant juillet par des billets plus
complets sur chaque film.
2 juillet
Me voici à pied d'oeuvre pour quelques jours de découvertes cinématographiques. A l'arrivée, bon accueil au stand des accréditations avec remise d'une besace écolo contenant le joli
catalogue du festival, et logotée à ses couleurs. On peut demander à regarder un des 8 films de la compétition sur 2 ordinateurs individuels sommairement disposés sur de simples tables.
Passer une heure et demie un casque sur les oreilles à regarder un film iranien, pendant que 20 personnes circulent autour de vous, cela doit être une expérience bizarre.
Echauffement avec Cabeza de Vaca, l'histoire d'un conquistador qui a erré 6 ans entre la Floride et le Pacifique, s'intégrant aux peuplades indiennes
et devenant chaman. Le film de Nicolas Echevarria (qui était présent lors de la projection) date de 1991 et sort seulement aujourd'hui, précédé d'une flatteuse réputation. J'ai été pour ma part
un peu déçu.
Le deuxième film de la journée m'a bien fait rire, comme il a fait rire le festival de Cannes cette anné (il faisait l'ouverture de la Quinzaine) : il s'agit de La fée, du trio franco/australo/belge Abel/Gordon/Romy. C'est
vraiment drôle, burlesque et poétique, délicieux. Un vrai coup de coeur, j'ai bien fait de le mettre dans la sélection du festival d'été. Le film sort le 14 septembre. Les 3 producteurs/metteurs en scène/acteurs
étaient là, rayonnants et sautillants.
A 22h, mieux valait un film qui tient éveillé. C'est le cas de Ne nous jugez pas (Somos lo que hay), premier film du mexicain Jorge Michel Grau. Le
père d'une famille de cannibales décède : comment la mère, les deux fils et la fille vont se débrouiller pour perpétuer le "rite" et trouver la nourriture ? C'est glauque, puissant, très bien mis
en scène. Les fans de gore seront déçus, le film lorgne plutôt du côté de la chronique sociale. Il est toutefois interdit au moins de 16 ans. Quinzaine des réalisateurs
à Cannes 2010 et prix du jury à Gérardmer. Date de sortie inconnue en France.
3 juillet
La journée commence par un film culte : The saddest music in the world, du canadien Guy Maddin, avec Isabella Rossellini (2004), sur un scénario de Kazuo Ishiguro. Le film est indescriptible, ressemblant dans son look au cinéma des années 20 ou 30, noir et blanc, gros grain, décors fantastique. Le scénario est complètement barré : une cul de jatte qui tient un bar à bière canadien organise un concours mondial de la musique la plus triste. A voir, c'est sidérant d'efficacité.
Je retrouve ensuite Nicolas Echevarria, le documentariste mexicain qui nous présente un moyen métrage documentaire sur un cirque de paysans amateurs se produisant dans un village perdu peuplé de Popolocas : de quoi réfléchir sur le rôle éternel et transculturel du bouffon et du spectacle. Ca s'appelle Poetas campesinos. Puis un grand moment : la magnifique Isabella Rossellini herself nous présente un film de papa, son dernier, et sa seule comédie : La machine à tuer les méchants. Le film est une curiosité, présenté à Cannes Classics cette année, qui est plaisante et surprenante. Curieux de constater comme un maître tel que Rossellini peut imprimer sa patte à une oeuvre même mineure.
Et pour finir, deux films de la compétition officielle. On commence par Curling, du québécois Denis Côté. Le film est une bête à festival (comme on dit bête à concours) : il en est à 55, d'après son réalisateur. Pour ma part, il m'a laissé froid, je détaillerai pourquoi dans ma critique. L'intervention du réalisateur à la fin m'a troublé et a nui à l'image de son film (en ce qui me concerne en tout cas) : je l'ai trouvé sur la défensive, et un peu suffisant. Le film sort à l'automne.
Tout le contraire de Marie Losier, jeune réalisatrice vivant à New-York, qui présentait La ballade de Genesis et Lady Jaye, un
documentaire auto-produit dont le tournage a duré 7 ans et qui nous fait suivre la vie de l'artiste/performer/musicien Genesis P-Orridge et de son amour avec la diaphane Lady Jaye. Le film m'a
fait découvrir un continent entier de culture que je ne connaissais pas (et pourtant lié à Burroughs, au rock de Cabaret Voltaire, et à d'autres choses dont je connaissais l'existence). Le
contraste entre la fragilité apparente et la modestie de la réalisatrice et les outrances des personnages montrés (chirurgie esthétique, performances extrêmes, body art, pandrogynie)
est saisissant. Le film sort en octobre en France.
4 juillet
2 incartades hors de Paris Cinéma en début de journée. Séance de rattrapage pour voir Ha Ha Ha, qui n'est pas sorti à Nantes et qui confirme que Hong Sang-Soo est bien le fils coréen de Rohmer et Allen. Délicieux. Puis la première partie de Mafrouza, le documentaire fleuve d'Emmanuelle Demoris sur un quartier d'Alexandrie, découpé en 5 parties de plus de 2 heures chacune. Un vrai choc esthétique et émotionel sur lequel je reviendrai en détail. Je me demande comment voir la suite : sûrement en attendant le DVD.
Retour aux affaires sérieuse au MK2 Bibliothèque avec la compétition, et le film Hospitalité du japonais Koji Fukada. Le film part bien, avec une photographie exceptionnelle et une histoire intrigante, puis se délite petit à petit. On peut le voir comme une sorte de Théorème en mode mineur. Pas de distributeur en France pour l'instant, et le film me semble manquer de personnalité pour en trouver un.
Et enfin avant-première très attendue de Un amour de jeunesse, troisième film de Mia Hansen-Love. Je vous dessine le tableau : salle comble, ambiance surchauffée, introduction brillante de Charles Tesson, puis équipe du film au grand complet sur la scène. Mia Hansen-Love donne un poème de Desnos à lire à Lola Créton, qu visiblement ne s'y attendait pas, bref, c'est chaud. Et puis, patatra, le film est banal et ennuyeux. En sortant de la salle je me cogne pratiquement dans l'actrice principale, toute menue, elle fait 40 cm de moins que dans le film (magie du cinéma !). Je l'ai reconnue à ses grains de beauté sur la joue droite. J'ai hésité à lui dire un truc du genre : "C'est peu crédible que votre personnage puisse tomber amoureuse de l'autre affreux boulet niais, bouclé et égoiste, on n'y croit pas une seconde". Et puis finalement non. Je n'aime pas faire de peine.
5 juillet
Dernières séances. En avant-première, Attenberg, premier film de Rachel Tsangari, réalisatrice et productrice grecque (elle a produit Canine en 2010). Le film entremêle deux sujets : la découverte du sexe et la mort du père. Bien que sérieusement réalisé, le film n'évite aucun poncif du cinéma d'auteur : long plan fixe sur un site industriel, traveling dans un sinistre couloir d'hopital, dialogues légèrement surréalistes et insertions de scènes loufoques qui permettront aux critiques paresseux de qualifier le film de "pop". La réalisatrice est bien sympa, elle débarque de l'aéroport pour venir directement dans la salle, et recevoir ma première question. Sortie le 21 septembre. Beau matériel de promo distribué à l'entrée de la salle (de jolies photos du film sous forme de pseudo cartes postales).
Le deuxième film, Voltiges, présente des similitudes avec le premier : premier film d'une réalisatrice suédoise (Lisa Aschan), sujet un peu lourd, mise en scène stylisée, et belle carrière en festival (Berlin et Tribeca). Le film est classique, un peu plus nerveux que le précédent, mais il n'évite pas les facilités que lui offre le sujet : l'expérimentation de toutes sortes de relations par deux adolescentes sur fond de voltige équestre (exigence, compétition). Sortie le 4 août.
Demain retour à Nantes ... et rédaction de quelques critiques détaillées.
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