Before sunset
A bien des égards, Before sunset apparait comme un codicille au volet précédent, Before Sunrise.
Même dispositif (une heure limite, une errance dans la ville, une fin incertaine), mais ici simplifié et raccourci. L'impression de temps réel est encore plus intense que dans le premier film de la trilogie.
Ce qui est très intéressant dans ce deuxième opus, c'est la subtile évolution des personnages. Plus âgés, ils ont vécu tous les deux toutes sortes d'expérience dont ils parlent avec leur franchise habituelle. La vie leur a appris à mentir légèrement, ce qui n'était pas le cas dans le premier épisode : ils jouent ici à un jeu de chat et de souris qui est absolument délicieux (de quoi se souviennent-ils exactement l'un et l'autre ? que s'est il passé en décembre 95 ?).
Puis tout à coup, dans la voiture qui ramène Jesse à l'aéroport, une sorte de tension terrible apparaît dans les propos de Céline. Les dernières scènes dans son appartement amorce une rupture de ton. Quand Julie Delpy interprète la chanson à la guitare (quel moment de grâce absolu, qui renvoie bien sûr au livre de Jesse), elle emporte le film dans une sorte de rêve éveillé, qui laisse Jesse abasourdi (et nous aussi par la même occasion). C'est dans une autre dimension qu'on assiste finalement à la performance de Julie Delpy imitant Nina Simone. Comme le chant des sirènes envoûtant Ulysse, on se doute bien à ce moment là que Jesse est parti pour rater son avion...
La réalisation, de qualité, reste sagement discrète, ce qui est en soit un exploit (les raccords dans les conversations filmées en marchant sont invisibles). Les dialogues sont ciselés et servent à la perfection les deux acteurs, tour à tour mordants, tendres, nostalgiques, enthousiastes.
A voir absolument si on a aimé Before sunrise.
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