May december
Au milieu du concert de louanges qui entourent la sortie de ce film, mon avis plus mesuré va probablement détonner, comme souvent quand il s'agit pour moi d'apprécier le travail de Todd Haynes.
Je trouve en effet que le cinéma du réalisateur américain peut être parfois froid et didactique, au point de paraître compassé (Carol, Loin du paradis).
May december commence de manière très intéressante. Le rythme est alerte, le décor de la maison familiale parfait, et j'ai été diablement intrigué par ce que le film ne dévoile que très progressivement : une histoire à tiroir qui prend au début plaisir à nous égarer, dans un subtil jeu de miroir. Le jeu "neutre" de Julianne Moore contribue assurément à l'atmosphère de malaise latent que distille le film : mais que s'est il passé dans cette famille modèle ?
Lorsque l'on comprend de quoi il retourne et ce qui reproché à Gracie, l'intérêt tombe d'un coup. Peut-être parce que l'aspect scandaleux des évènements ne nous frappe pas autant que les Américains. Le milieu du film est un ventre mou dans lequel il ne se passe plus grand-chose, jusqu'à ce que le scénario essaye de le relancer dans un registre proche du grotesque, Natalie Portman rejouant (assez mal, il faut le dire) ses allures machiavéliques de Black Swan, entamant une danse de mort aussi artificielle que creuse.
La scène de sexe dans la réserve de l'animalerie tombe totalement à plat (quelle idée saugrenue), et May december, qui jusque là captivait ou a minima intriguait, sombre alors petit à petit dans l'inconfort du ridicule.
Todd Haynes sur Christoblog : Loin du paradis - 2002 (*) / Carol - 2015 (**) / Le musée des merveilles - 2017 (****) / Dark waters - 2019 (****)
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