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Christoblog

Jeunesse (le printemps)

Avant d'aller voir ce film, il faut connaître la méthode Wang Bing : poser sa caméra dans un milieu déterminé, filmer sans discontinuer pendant des mois, puis monter ensuite un film de plusieurs heures à partir de centaines d'heures de rush.

Ici, le milieu observé est celui d'usines textiles à Zhili, où travaillent de jeunes provinciaux. On les voit donc travailler à une vitesse incroyable, vivre des histoires d'amour, dormir sur place dans des conditions difficiles, appeler leur famille, vivre enfin.

L'effet de réalité, ici amplifié par la répétition de certains cycles (travailler, écouter de la musique, dormir) et par l'aspect robotique de la tâche effectuée, est sidérant, comme toujours chez Wang Bing. Le film est découpé de telle façon qu'on suit alternativement différentes personnalités, mais c'est évidemment le tableau social d'ensemble qui intéresse le réalisateur chinois : les péripéties individuelles (l'engueulade brusque, la menace de grève, l'avortement) importent bien moins que la description d'un monde qui semble hors du temps.    

Le sujet est ici moins impressionnant que d'autres déjà traités par Wang Bing (la fermeture d'un immense complexe industriel, la mort, la folie, l'isolement des enfants). C'est peut-être ce qui rend Jeunesse (le printemps) un peu moins passionnant que des chefs d'oeuvre comme A la folie ou A l'ouest des rails, mais le film procure tout de même une gamme de sensations qu'aucun autre type de film ne peut procurer.

Wang Bing sur Christoblog : A l'ouest des rails - 2004 (***) / Le fossé - 2012 (**) / Les trois soeurs du Yunnan - 2014 (****) / A la folie - 2015 (****) / Madame Fang - 2018 (***) 

 

3e

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