Festival du film d'animation d'Annecy 2023
C'est avec beaucoup de plaisir que je retrouve cette année le festival, son ambiance à la fois professionnelle et décontractée, ses avions en papier, son cadre idyllique, ses échanges cosmopolites, et sa programmation pléthorique (plus de 400 films, courts-métrages compris).
11 juin
C'est la première fois que le festival ouvre un dimanche, puisque cette année il a été rallongé d'une journée. La cérémonie d'ouverture est évidemment marquée par l'émotion causée par l'attaque au couteau qui s'est déroulée il y a trois jours. A travers les différents discours, le festival s'affirme comme une force d'amour et d'acceptation de la différence, face à la barbarie.
En apéritif, nous avons droit à un court-métrage des studios Disney en exclusivité mondiale. Once upon a Studio est basé sur une idée simplissime : il s'agit de prendre une photo de famille des personnages emblématiques de Disney. Ainsi se croisent dans ce court-métrage les très anciens et les plus modernes, de Mickey à la Reine des neiges en passant par Robin des Bois, et des dizaines d'autres. C'est rythmé, amusant et même émouvant : chaque génération s'y retrouve. L'animation est simplement parfaite.
Nous voyons ensuite le nouveau film de Benoit Chieux, Sirocco et le royaume des courants d'air (2/5), qui sera LE gros film d'animation français du Noël 2023. Il s'agit d'un projet original, qui rappelle les productions du studio Ghibli, notamment par son imagination débordante en terme de formes et de couleurs (avec en particulier un bestiaire de toute beauté). L'histoire, qui aborde plusieurs thèmes, est assez solide. J'ai des réserves sur la qualité de l'animation assez sommaire, et sur le manque de caractérisation des personnages qui empêche de pleinement s'impliquer émotionnellement dans le film. C'est une grande différence avec le meilleur de la production d'animation actuelle, comme Suzume.
12 juin
Robot dreams (4/5), de l'espagnol Pablo Berger (Blancanieves) est un petit miracle comme seule l'animation peut en produire. Comment est il possible de captiver le spectateur avec l'histoire de l'amitié d'un chien et d'un robot, dans un New-York habité par les animaux, sans aucun dialogue, et pendant 1h30 ? Le film explore toute une gamme de sensation et d'émotion par la seule force de l'animation et de la mise en scène : solitude, bonheur partagé, espérance, nostalgie, tristesse, résignation. C'est très beau, et loin d'être simpliste.
Le film de fin de soirée est plus ardu. Il s'agit là encore d'un OVNI, dans un tout autre genre. Art college 1994 (3/5), du chinois Liu Jian, présenté à Berlin, raconte le spleen d'étudiants chinois en art plastique, dans les années 90. Pas d'action, de longues conversations sur Matisse et Kant, une sourde envie d'Amérique, une incapacité à vivre sa vie et avancer dans ses projets. C'est d'un point de vue visuel parfois magistral, avec une animation très proche de la prise de vue réelle. Une expérience hors du commun, lors de laquelle l'émerveillement n'est jamais très loin de l'ennui le plus profond, et réciproquement.
15 juin
Ce soir, je découvre le film de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach, Linda veut du poulet (3/5), qui faisait partie de la sélection ACID Cannes 2023. Le film est plein d'idées intéressantes, d'un point de vue narratif comme de celui de l'animation (très comparable à celle de La jeune fille sans main). Il s'agit d'une sensible chronique qui raconte le deuil d'une vive petite fille qui a perdu son papa. Le ton est attendrissant et cocasse, et les dialogues sont parfaitement incarnés par Esteban, Clotilde Hesme et Laetitia Dosch. Il manque un petit quelque chose pour que je sois complètement convaincu : un rythme un peu plus soutenu, un trait plus incisif ou une fantaisie plus débridée.
Et voilà, c'est fini pour cette année, à l'année prochaine !
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