La romancière, le film et le heureux hasard
On peut classer les films de Hong Sang-Soo en 3 grandes catégories : les comédies grinçantes décortiquant les relations humaines et en particulier les relations hommes femmes (plutôt le début de sa carrière), les essais conceptuels souvent accompagnés d'une déstructuration du récit (plutôt son milieu de carrière) et enfin les récits dépouillés teintés de spleen, qui creusent une veine plus onirique ou plus sensible (plutôt ses derniers films).
La romancière, le film et le heureux hasard s'inscrit bien dans cette dernière catégorie. Le personnage principal est une romancière d'un certain âge qui ne parvient plus à écrire. Elle rencontre une jeune comédienne qui ne tourne plus. Leur rencontre, qui ne se produit que par la grâce d'un heureux hasard, conduira à la réalisation d'un film, sorte d'épiphanie inespérée pour l'une et l'autre, illustrant le titre du film, qui en est donc aussi le programme.
Le connaisseurs retrouveront ici les tics du réalisateurs (tablée s'abreuvant d'alcool, morceaux de dialogues voyageant de bouche en bouche, moment de gêne intense, zooms grossiers), mais le plus important se situe ici dans la grande délicatesse du projet, aboutissant finalement à un très beau "Je t'aime" lancé par l'actrice Kim Min-hee à son compagnon réalisateur.
Il y a dans cet opus de très bonnes choses (une photographie en noir et blanc très particulière, des scènes d'anthologie - comme celle dans laquelle le réalisateur se fait brutalement congédier), mais aussi de longs moments durant lesquels on a vaguement l'impression qu'il s'agit de meubler. Le tout est émaillé d'étrangetés propres au cinéaste (comme la dispute en voix off de la toute première scène) qui suscite ce frisson de stimulation intellectuelle propre au cinéma de Hong Sang-Soo.
Un film qui intéressera les fidèles, et qui ennuiera probablement les autres. Comme d'habitude !
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