Saint Omer
Bardé de prix (Venise, Jean Vigo) et précédé d'une excellente réputation (il représentera la France aux Oscars), le premier film de fiction d'Alice Diop promettait beaucoup.
C'est peut-être pourquoi, à sa vision, la déception a pris pour moi le pas sur le plaisir.
Certes, Saint Omer présente de nombreux intérêts. Tout d'abord l'affaire Laurence Coly est intrigante et le film de prétoire possède une dynamique propre qui captive aisément. La distribution est aussi intéressante : Guslagie Malanda campe une accusée troublante alors que plusieurs seconds rôles font des prestations remarquables (l'incroyable témoignage de Luc Dumontet joué par Xavier Marly). Les problématiques que soulèvent le film sont aussi intéressantes : le statut d'invisibilité de la femme noire, le rapport aux parents, la maternité.
Pourtant tous ces bons éléments ne parviennent pas à mes yeux à former un tout cohérent. Le scénario (auquel a collaboré Marie NDiaye) est inutilement compliqué. Les problématiques du personnage de Rama semblent bien anecdotiques au regard de l'enjeu du procès, et sa mise en parallèle avec le destin de Laurence Coly m'a parue artificielle. J'ai trouvé la mise en scène parfois maladroite (de nombreux plans de remplissage, un manque de fluidité globale, des flash-backs pas très clairs, une certaine affectation).
Le film m'a semblé à plusieurs occasions froid et légèrement guindé, comme mû par une envie de développer son propos d'une façon plus intellectuelle que sensible.
A vous de voir.
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