Chronique d'une liaison passagère
On se retrouve toujours en terrain connu (et entre gens de qualité) dans un nouvel Emmanuel Mouret.
Ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. Les petits cartons qui rythment la chronique, l'écoulement du temps, le sens du rythme aiguisé, la vertu performative des dialogues, la sincérité des sentiments - et leur fugacité : tout est délicieux et surprenant, comme d'habitude.
La maturité venant, le réalisateur s'assagit tout de même, et le propos se fait ici plus grave. Les situations sont moins cocasses que dans sa jeunesse, et la chronique se teinte ici d'une pointe de nostalgie et de regret. Cette inflexion, que l'on sentait poindre dans ses deux derniers films, se matérialise ici par de nouveaux types de plans : un arrêt silencieux sur une nuque qui s'incline, des plans fixes sur les lieux qu'ont fréquenté les personnages, une façon de filmer les personnages de dos. Autant de petites respirations douces-amères qui permettent de méditer sur la pertinence des choix que font les personnages.
Kiberlain, et surtout Macaigne, sont dirigés de main de maître et dévoilent une profondeur qu'on ne leur connaît pas forcément.
Un bon cru, peut-être moins subtil que d'habitude, et moins riche narrativement que Les choses qu'ont dit, les choses qu'ont fait, mais très agréable à regarder.
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