Avec amour et acharnement
Si l'intention du film est claire (c'est le cinéma sensoriel de Claire Denis passé au mixeur anxio-autocentré de Christine Angot), sa réalisation est catastrophique.
On ne croit à rien dans cette oeuvre boursouflée qui égrène un chapelet de clichés éculés (à l'image de cette ouverture digne d'un Malick sous tranxène) et de situations improbables.
C'est la caractérisation des personnages qui pêche en premier lieu. Celui de François est écrit de façon très maladroite, et joué à la va-comme-je-te-pousse par Grégoire Colin : jamais on ne comprend ce qui motive ses actions. Il en va de même de celui de Sarah, dans lequel Juliette Binoche se débat inutilement, alternant les improvisations approximatives (comme lors de la scène de rupture) et les dialogues artificiels issus de l'imagination maladive d'Angot.
Si Vincent Lindon tient la baraque en faisant ce qu'il sait faire (du Vincent Lindon), il ne parvient toutefois pas à sauver le film qui semble errer dans les labyrinthes d'une narration approximative et de scories scénaristiques coupables (les péripéties vécues par le fils sont d'un manque d'intérêt abyssal).
Ce long pensum bicéphale et bancal génère chez le spectateur une gêne inconfortable, qui résulte probablement de la confrontation entre le talent intact de Claire Denis en tant que filmeuse et la lourdeur de l'écriture du film.
Claire Denis sur Christoblog : Les salauds - 2013 (**) / Un beau soleil intérieur - 2017 (**)
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