Don Juan
Pari osé que cette vraie fausse comédie musicale, dans laquelle l'intrigue lacunaire ne se dévoile que très progressivement.
Don Juan, pas vraiment défendu par la critique et détesté par le public, présente de nombreux aspects perturbants : une narration froide et distanciée, une composition très apprêtée, un jeu d'acteur qui penche souvent vers une sèche artificialité.
Il est donc étonnant, alors que j'ai détesté les précédents films de Serge Bozon, que je me sois laissé intriguer par cette histoire à double détente (Don Juan est follement amoureux d'une femme qui le repousse, alors que le fantôme de l'une de ses ex-victimes rôde dans les parages, sous la forme d'un père-commandeur chantonnant).
Je trouve que l'atmosphère du film vaut le détour, quelque part entre un Lynch nostalgique et un Demy éthéré. Tout n'y est pas parfait, loin de là, mais l'exercice m'a au final plu et touché. On y découvre un Tahar Rahim étonnamment à l'aise dans l'exercice du chant et un Alain Chamfort redoutablement séduisant. Quant à Virginie Efira, présente dans le film sous de multiples versions fort différentes, elle reste égale à la grande actrice qu'elle est progressivement devenue.
Contre tous, j'ai aimé cette noire histoire d'amour.
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