Quelques films que vous verrez en 2021
J'ai eu la chance de voir quelques films lors d'avant-première ou dans des festivals, qui devraient sortir en 2021. Les voici classés par ordre de préférence décroissant :
La voix d'Aida de Jasmila Zbanic / date de sortie inconnue (Condor)
Un film coup de poing sur le massacre de Srebrenica, dans lequel la violence, si elle continuellement hors champ, n'en est pas moins insoutenable. Le film rafle des prix partout là où il est montré, et sera selon moi une des sensations de 2021.
Jasmila Zbanic, dont un des films précédents m'avait déjà beaucoup plu (Le choix de Luna,) s'affirme ici comme une des valeurs montantes du cinéma européen.
My tender matador de Rodrigo Sepulveda / date de sortie inconnue (pas de distributeur en France pour l'instant)
Je prie pour que ce film magnifique sorte en France. La performance de l'immense acteur Alfredo Castro y est incroyable. La réalisation est somptueuse dans toutes ses composantes et l'histoire passionnante. Un must du cinéma sud-américain contemporain.
Slalom de Charlène Favier / sortie le 19 mai / lire ma critique complète
Pas forcément très original dans son déroulement, ce premier film frappe par la cohérence de son projet artistique et la formidable interprétation du duo Jérémie Renier / Noée Abita (l'inoubliable interprète d'Ava).
Aline de Valérie Lemercier / sortie le 10 novembre / lire ma critique complète
Une friandise à déguster au premier degré, même si on n'est pas fan de Céline Dion. Valérie Lemercier y est formidable ainsi que sa doublure voix, Victoria Sio. Le casting québécois apporte une sacrée dose de bonne humeur à ce divertissement de qualité.
Vaurien de Peter Dourountzis / sortie le 9 juin
Un premier film imparfait, ambigu et déstabilisant, marqué par le charisme magnétique de Pierre Deladonchamps et le retour solaire d'une Ophélie Bau (Mektoub my love) plus rayonnante que jamais.
L'affaire collective d'Alexander Nanau / sortie le 15 septembre
Si je vous dis qu'il s'agit d'un documentaire sur un scandale d'état lié à la corruption et à l'incurie de l'état roumain, vous n'aurez peut-être pas envie d'aller voir ce film. Et vous aurez tort, car il est captivant comme une fiction et dispense sa dose d'émotions en tout genre. Le film était dans le dernier carré pour l'Oscar du meilleur film étranger, et il le méritait.
Je voulais me cacher de Giorgio Diritti / sortie le 7 juillet
Un biopic passionnant sur la vie du peintre "naïf" italien Antonio Lingabue, réalisé dans un style romanesque comme on n'en voit plus beaucoup, et qui traverse avec brio des décennies d'histoire italienne. La performance de l'acteur Elio Germano est phénoménale.
Teddy de Ludovic et Zoran Boukherma / sortie le 2 juin / lire ma critique complète
Difficile de décrire cette nouvelle manifestation du renouveau du film de genre à la française : un mélange de P'tit quinquin à la sauce pyrénéenne et de John Carpenter, peut-être. Le ton trouvé par les frères Boukerma (encore une fratrie !) est en tout cas frais et résolument novateur.
After love de Aleem Khan / date de sortie inconnue (Rezo)
Encore un premier film, cette fois-ci anglais. Sur le thème rebattu de la veuve qui découvre la double vie de son défunt mari, After love propose une variation de part et d'autre du channel, pleine de délicatesse. Un très joli film.
The mole agent de Maite Alberdi / date de sortie inconnue (pas de distributeur en France pour l'instant)
Ce film chilien est une sorte de docufiction à la fois amusante et émouvante. Elle simule l'introduction d'un espion amateur de 83 ans dans une maison de retraite, pour finalement dresser un tableau émouvant de la vie de ses pensionnaires. Présenté entre autre à Berlin et Sundance, représentant du Chili dans la course aux Oscars et dans la short list finale de 15 films pour l'Oscar du meilleur film étranger, il faudra voir ce joli film si un distributeur français a la bonne idée de s'en occuper.
Nouvel ordre de Michel Franco / date de sortie inconnue (Ad vitam)
Sûrement le film le plus ambitieux du sulfureux réalisateur mexicain, qui a reçu un accueil critique plutôt chaleureux à Venise. La première partie est délicieuse, la deuxième verse dans les défauts habituels de Franco (sadisme gratuit, perte de sens), mais l'ensemble est de bonne tenue.
Mon année à New-York de Philippe Falardeau / date de sortie inconnue (Metropolitan)
Sorte de feel-good movie d'initiation placé sous l'ombre tutélaire de Salinger (et de Sigourney Weaver, toujours excellente), ce film plaisant est un écrin pour la jeune et prometteuse Margaret Qualley, que vous avez peut-être remarqué dans le dernier Tarantino.
Shorta de Anders Olholm et Frederick Louis Hviid / sortie le 23 mai
Ce thriller danois de bonne facture commence comme Les Misérables finit, et ressemble à un long épisode de 24h chrono en banlieue. Le film ne manque pas de grosses ficelles, mais le tout reste bien arrimé.
First cow de Kelly Reichardt / sortie le 27 octobre
Le film n'a pas eu de distributeur pendant longtemps mais la cote de l'américaine est telle (16 pages dans les Cahiers du Cinéma de janvier 2021 !) que cela ne pouvait pas durer. C'est finalement Condor qui s'y colle. Peut-être le film le plus accessible de Reichardt (lisez : le moins ennuyeux).
La nuée de Just Philippot / sortie le 16 juin
Sensation du festival de Gérardmer, ce film d'horreur classique mettant en scène de méchantes bestioles est en fait une chronique sociale. On y suit une jeune agricultrice en difficulté qui sombre dans la folie, alors que ses sauterelles se découvrent un goût pour le sang. A ne pas voir si on est entomophobe !
L'origine du monde de Laurent Lafitte / sortie le 15 septembre / lire ma critique complète
Cette adaptation d'une pièce de Sébastien Thierry devait être une comédie phare de 2020. Je n'ai pas été séduit par le mélange des genres que propose Laurent Lafitte, ni par l'humour du film, faussement méchant et curieusement distancié. Un film qui prend le spectateur de haut.
Irma de Vinicius Lopes et Luciana Mazeto / sortie le 7 juillet / lire ma critique complète
Un film dans la mouvance d'un cinéma brésilien décomplexé dont la locomotive serait Kleber Mendonca Filho, et qui lorgnerait vers un certain cinéma d'auteur abscons, à l'européenne. Il y a des idées, mais la pauvreté des moyens employés et l'absence de souffle rendent le film légèrement ennuyeux.
Gaza mon amour de Arab et Tarzan Nasser / sortie le 6 octobre
Une production auteuriste typique de ce qu'on peut appeler le cinéma "de festival", propre sur lui, usant un concept jusqu'à la corde, soporifique et joli à regarder. Son intérêt principal est d'être tourné à Gaza, et la grande Hiam Abbass y fait à peine le service minimum.
Apples de Christos Nikou / sortie le 26 janvier 2022
Le réalisateur a été assistant de Yorgos Lanthimos et on retrouve ici le goût de ce dernier pour un extrême formalisme, les situations tordues et la méchanceté froide. Hélas, il manque le talent décapant de l'auteur de The lobster pour donner à ce film grisâtre un véritable intérêt.
Cigare au miel de Kamir Aïnouz / date de sortie inconnue (Paname)
Une déception. Cette chronique de l'émancipation sexuelle d'une jeune parisienne d'origine algérienne a tout pour réussir sur le papier, mais rien n'y fonctionne et on s'y ennuie ferme. Kamir Aïnouz veut trop en dire, et son film est un collage hétéroclite de sujets rebattus et mal traités.
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