Les derniers jours d'une ville
Sorti en 2017, ce film de l'Egyptien Tamer El Saïd est une curiosité a bien des égards. Il est passé par la Berlinale et a remporté la récompense suprême au Festival des 3 Continents de Nantes.
Sa première particularité est de présenter tous les atours d'un documentaire, ou du moins d'une auto-fiction, alors qu'il est entièrement scénarisé.
On suit un cinéaste qui cherche à changer d'appartement dans une ville du Caire pré-inserructionnelle. On croise sa mère gravement malade, sa copine qui part à l'étranger et des copains qui vivent dans d'autres villes (Berlin, Beyrouth, Bagdad).
Le film est déroutant dans le rapport ambigu à la réalité qu'il entretient. Il n'est pas facile par exemple dans un premier temps de démêler ce qu'on voit à l'écran : le film lui-même ou les images du film autobiographique que le cinéaste est en train de tourner ?
Après une demi-heure, on a compris le principe du film, et on peut alors apprécier pleinement ce beau portrait du Caire, à la fois sous l'angle de la vie quotidienne (les cafés, les mendiants, les immeubles) et sous l'angle de la prémonition politique (la répression policière, l'islamisme qui s'infiltre partout, y compris dans les ascenseurs...). Les derniers jours d'une ville fourmille également de multiples détails qui intriguent et interpellent (une femme récurrente avec des fleurs blanche comme chez Kieslowski, l'aspect kafkaïen des visites d'appartement).
Il se dégage de ce joli film ambitieux une douce mélancolie parfois un peu apprêtée, mais au final plutôt agréable.
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