Lux Aeterna
Quand Noé est prétentieux, il m'énerve profondément. Quand il s'amuse simplement, comme c'est le cas ici, je le trouve rafraîchissant.
La première partie du film consiste en une logorrhée de Béatrice Dalle, qui en arrive à se saoûler elle-même, sous l'oeil perplexe d'une Charlotte Gainsbourg qui se demande ce qu'elle fait là. C'est certes assez peu original, mais délicieux.
La seconde partie est une plongée en apnée sur un plateau de tournage où tout le monde part en vrille. C'est vertigineux, brillamment mis en scène, et bourré d'idées (la parenthèse dadaïste de Charlotte en train d'appeler la baby-sitter de sa fille, d'une salle de dissection !). Noé y manifeste cette confondante facilité à filmer d'une façon fluide les espaces confinés, qui impressionnait déjà dans Climax.
La troisième partie organise un paroxysme sur les bases habituelles de lumières stroboscopiques et d'une bande-son obsédante. On a déjà vu cela chez Noé, mais la scène est ici dépourvue des oripeaux métaphysico-mystiques qui polluent parfois le cinéma du franco-argentin. On ne vit ici la scène que pour ce qu'elle montre, et c'est bluffant.
Gaspar Noé semble donc ici poursuivre dans la voie de son film précédent : une attention extrême aux acteurs, une caméra jouissive, une intrigue modeste, des effets réussis (les splits screens carrés sont de toute beauté).
J'ai profité à fond de cette friandise sans conséquence, qui se déguste sur le pouce.
Gaspar Noé sur Christoblog : Irréversible - 2002 (***) / Enter the void - 2009 (*) / Love - 2015 (*) / Climax - 2019 (****)
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