Quelques jours à la Berlinale 2020
Habitué de Cannes depuis 8 ans, j'avais très envie de découvrir la Berlinale, ce que j'ai enfin pu faire cette année. Le grand festival allemand n'a pas grand-chose à voir avec son homologue français : tout y est plus décontracté, l'accès aux (immenses) salles y est beaucoup plus facile, à condition de payer sa place de 13 à 16 €. Je décrirai son fonctionnement détaillé dans un article à venir : Aller à la Berlinale pour les nuls.
20 février
Le film d'ouverture, My Salinger year (3/5), du québécois Philippe Fallardeau, est un film léger, parfait pour débuter un marathon de 10 jours. L'actrice principale, Margaret Qualley, qu'on a vu dans Once upon a time in Hollywood, crève l'écran, à la fois ingénue et sensuelle. C'est bien écrit et bien réalisé, sur un double sujet plutôt original (la difficulté de devenir écrivain et l'ombre chinoise de Salinger).
21 février
Je découvre à midi le film d'Oleg Sentsov, Numbers (4/5). Ce film est tiré d'une pièce de théâtre écrite par Sentsov et vaut principalement par son texte, très astucieux. Il s'agit de théâtre filmé, mais le spectacle est amusant, stimulant intellectuellement. Cette dystopie cruelle et fantaisiste est très attachante.
Le soir, premier tapis rouge et premier film en compétition avec El profugo (The intruder) (2/5), premier film de l'argentine Natalia Meta. Ce thriller fantastico-psychanalytique est plein d'intentions, regarde vers Hitchcock et peut-être aussi De Palma, mais s'égare en chemin par la faute d'une écriture trop confuse et alambiquée.
22 février
De tôt matin, on poursuit la compétition avec Volevo nascondermi (4/5), de l'italien Giogio Diritti. De facture très classique le film raconte la vie du peintre Antonio Ligabue, figure majeure de l'art brut (il souffrait de graves troubles psychologiques). Le film n'est pas un grand morceau de cinéma, loin de là, mais son propos est passionnant et la composition extraordinaire de l'acteur Elio Germano lui a permis de décrocher l'Ours d'argent de meilleur acteur.
A 19h, tapis rouge pour la présentation du nouveau Kelly Reichardt, First cow (3/5). Suivant son humeur, on pourra dire que c'est toujours aussi soporifique, ou toujours aussi génialement modeste. En tout cas, le spleen grisâtre habituel se teinte ici d'humour, expose des embryons de sentiments et bénéficie d'une narration un peu plus tenue que dans les autres films de Reichardt.
23 février
Je continue avec la compétition et le nouveau film de Philippe Garrel, Le sel des larmes (4/5). C'est pour moi un bon cru, si on apprécie le style du réalisateur, qui semble figé dans un espace-temps indéterminé, mais très français. Il y a dans le film une cruauté distanciée que j'ai trouvée réjouissante.
Minyan (2/5) de l'américain Eric Steel était présenté dans la section parallèle Panorama. Le film ne démérite pas vraiment, mais son propos pourtant intéressant sur le papier (un jeune juif découvre son homosexualité dans le New-York des années 80) ne parvient jamais à captiver, probablement par la faute d'une écriture bâclée qui ne fait que juxtaposer différentes thématiques. Un film probablement trop autobiographique pour être pleinement réussi.
24 février
Pour ce dernier jour, je me régale avec Mignonnes (4/5), de Maïmounia Dourouré. Le film est bien plus qu'un énième film de banlieue. C'est surtout le portrait enlevé et fidèle d'une petite fille qui devient une pré-adolescente. On rit, on s'inquiète, on frémit, on détourne parfois les yeux. Le succès devrait être au rendez-vous pour cette oeuvre qui avait longtemps annoncé à Cannes 2019 et qui a remporté le prix de la meilleure réalisation à Sundance.
Pour terminer Kød § Blod (Wildland) (3/5) de la danoise Jeanette Nordahl décrit l'arrivée d'une jeune orpheline dans la famille de sa tante, famille qui s'avère être criminelle. Il y a beaucoup de finesse dans ce joli film qui prend le parti de la litote et se place à hauteur de la jeune fille, avec un petit côté Animal kingdom à la sauce nordique (en moins violent).
Voilà, c'est terminé, mais on se reverra sûrement un jour, Berlinale !
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