Séjour dans les monts Fuchun
Confirmant l'explosion actuelle du cinéma chinois, le premier film du jeune réalisateur Gu Xiaogang (31 ans) est une merveille de sensibilité et d'élégance.
Ce que raconte Séjour dans les monts Fuchun est anodin : une grand-mère qui perd la tête, ses quatre fils qui ont des personnalités et des problèmes très différents, quelques menus évènements de la vie quotidienne, rarement spectaculaires.
Le film brille par le prisme de l'antagonisme suivant : il raconte la banalité avec une ambition incroyable, que ce soit par l'ampleur de la mise en scène (les travellings sur la rivière sont d'une beauté sidérante) ou par la démesure de son tournage (qui s'est étalé sur deux ans, pour un montage final de 2h40).
Le résultat est fascinant de beauté et de réalisme. On est à la fois ébloui par la splendeur de la nature, par la façon dont la fine texture du temps est rendue apparente, et captivé par la destinée de ces personnages dont la personnalité se dévoile progressivement. Le film de Gu Xiaogang se situe donc exactement à mi-chemin d'un manifeste esthétique de premier ordre (la composition de certains plans rappelle les plus grands réalisateurs) et d'une addiction du type de celles qui nous lierait à une série de télévision.
Séjour dans les monts Fuchun raconte enfin la Chine d'aujourd'hui (ses projets immobiliers, sa quête avide de modernité) et la Chine éternelle (la permanence de la nature, les arbres millénaires, le rythme imperturbable des saisons, la peinture ancienne).
On a déjà envie de voir les films qui vont suivre, puisque Gu Xiaogang a annoncé que ce premier film était le volet initial d'une trilogie.
A voir absolument.
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