Western stars
La mode est à la projection unique d'un film évènement (souvent un concert) concernant un artiste. Le distributeur est ainsi quasiment certain d'engranger une grosse participation sur une seule séance, tous les fans veillant évidemment à être présents.
Vendredi soir, c'était au tour du Boss de sacrifier à cette tendance. Etait présenté partout en France Western stars, le film qu'il a co-réalisé avec Thom Zimny, et qui a été montré au dernier festival de Toronto.
Le film est constitué d'un concert filmé dans sa grange personnelle, et qui reprend morceau par morceau l'album éponyme, interprété par un orchestre d'une trentaine de musiciens. Les morceaux sont entrecoupés d'interludes constitués de plans plus ou moins esthétiques de Springsteen dans le désert, et d'images d'archives, personnelles ou pas.
La partie concert intéressera les fans. On aura rarement été aussi près du miracle de la voix springsteenienne : on la voit ici littéralement naître sous nos yeux, à quelques centimètres de la caméra, à travers le frémissement de la lèvre, le gonflement de la gorge ou la profonde intériorité du regard. C'est assez fascinant. Ce qui m'a également frappé, c'est la qualité d'écriture et l'extrême homogénéité de l'album, magnifié ici par de savants arrangements.
Les interludes gâchent le plaisir de la performance. Les images au ralenti, l'aspect hyper-esthétisant des images, le ton pontifiant des commentaires en voix off n'apporte rien au film. Les propos de Springsteen sont nettement en retrait de ceux qui figurent dans son autobiographie. De ce marasme pseudo-philosophique peut être sauvé l'image d'archive qui montre le Boss et Patti amoureux, dans un modeste chalet de montagne. Ce moment-là est à proprement parler confondant de grâce.
Un film pour les fans exclusivement.
Bruce Springsteen sur Christoblog : Springsteen on Broadway - 2017 (****) / The promise - 2010 (***)
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