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Christoblog

Portrait de la jeune fille en feu

A l'inverse de la quasi totalité de la critique, je me suis copieusement ennuyé lors de la projection du dernier film de Céline Sciamma.

Il m'a semblé que dès les premières minutes la totalité du programme proposé par le film était exposé aux yeux de tous : claustration, attente, apparition divine de l'élue, séduction, approches, passage à l'acte, conventions qui empêchent, rencontre fortuite ultérieure. Tout, absolument tout, est prévisible dans ce film : que ce soit dans sa forme (oh, les belles images de la nature qui émoustille les sens) que dans ce qu'il raconte. 

Les clichés s'enchaînent (les quatre saisons, la côte bretonne au coucher du soleil, Adèle en robe de mariée / fantôme) et finissent par constituer un brouet à l'eau de rose déjà vu mille fois, incapable de générer la moindre émotion, échouant là où d'autres ont brillamment réussi (j'ai souvent pensé à Bright star de Jane Campion). Les dialogues m'ont parus par ailleurs très artificiels, et la prestation d'Adèle Haenel, dans sa zone de confort à la mine boudeuse-séductrice, ne m'a pas convaincu.

Au final, j'ai souvent l'impression que les bonnes opinions sur ce film sont de principe, opposant presque d'un point de vue moral (ou politique) la vision d'une femme sur un couple lesbien au fameux male gaze à l'oeuvre dans La vie d'Adèle. Je préfère pour ma part mille fois l'impression extraordinaire de vie brute que dégageait le film de Kechiche à l'exercice de style froid et désincarné que propose Sciamma.

Céline Sciamma sur Christoblog : Bande de filles - 2015 (*)

 

1e

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L
Votre ennui est bien dommage, car ce film est très sensible, la beauté des images permet de s'immerger dans le film. Un amour impossible dans cette époque où la femme n'a qu'une place de subalterne et surtout n'a pas trop le choix, ni de son amour, ni de ses enfantements fait du bien. Ses femmes sont belles, fortes, touchantes toutes les quatre et loin des clichés...Le chef op est une femme, la réalisatrice aussi mais j'ose espérer qu'il n'y a pas que les femmes qui savent filmer les femmes.
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B
J’ai vu ce film dans des conditions optimales : dans une grande salle parisienne, en milieu d’après-midi, nous étions 3 en tout et pour tout. (Peut-être plusieurs spectateurs avaient-ils été découragés par une critique mitigée ?!). Donc, à l’inverse de ce qui se passe actuellement au Louvre, j’étais en tête-à-tête avec le chef-d’œuvre de Céline Sciamma.<br /> Je suis entré dans son œuvre d’emblée et à la fois progressivement… avec une curiosité, un plaisir et un intérêt croissants. Je me suis peu à peu immergé dans la lenteur… dans la beauté… dans la féminité… dans la musicalité… dans le jeu subtil des regards, d’abord s’évitant puis s’apprivoisant et enfin s’enflammant ! – regard bleu et regard noir – et je suis entré avec ravissement et émotion dans ce pur miracle de l’Art opérant et vivifiant, et aussi dans l’alchimie de l’Amour reliant progressivement deux êtres… double prodige insufflant du rire et des sourires… de l’humour aussi… une chair sublimée et transcendée façon Georges de La Tour… des émois et des pudeurs… bref, la Vie dans tous ses états ! Et la liberté d’oser, de transgresser, d’aimer.<br /> Qu’est-ce qui m’a le plus touché dans « Portrait de la jeune fille en feu » ? Tout. La lenteur, je l’ai dit. La beauté. L’art en action et création. L’omniprésence féminine et l’absence des mecs. La splendeur insulaire. Le mugissement des vagues. L’interprétation ds comédiennes de moins en moins hiératique, de plus en plus chaude, palpitante, frémissante. La toile qui peu à peu prend vie, avec ses esquisses, ses hésitations, ses repentirs. Tout comme l’Amour, l’Art balbutie. Et c’est en cela qu’ils sont tous deux tellement humains ! Et la musique aussi ! Le tumultueux orage vivaldien en ses « Quatre saisons » tout comme la polyphonie des femmes durant la fête. J’ai été touché par la mélancolie et la douceur de l’inévitable séparation de ces deux femmes, fidèle en cela au mythe d’Orphée et d’Eurydice (mais dans une relecture volontariste audacieuse). Bref, avec Marianne et Héloïse, et la servante confidente, j’ai vu sur l’écran une éblouissante célébration, une ode à la Liberté et à l’Art, un hymne frémissant au défi de la symbiose amoureuse, quel que soit le carcan du machisme et des conventions sociales.<br /> Pas étonnant que je sois sorti de la salle obscure le cœur battant et le regard ébloui. Littéralement « en feu », pas une flambée dévastatrice, non, plutôt un brasero paisible et réconfortant, avec cette certitude chevillée au cœur, au corps, en forme de la reconnaissance émue : le 7e Art, qu’est-ce que c’est beau !!! Décidément, Catherine Sciamma (et ses trois comédiennes complices, sans oublier la peintre Hélène Delmaire) est une artiste accomplie, une féministe de haut vol, une immense cinéaste. Ad majorem gloriam Dei.
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C
C'est beau d'éprouver tout ça alors que je n'y ai vu qu'un exercice de style ampoulé et un manque d'alchimie évident entre les deux actrices. Magie du cinéma, vraiment ! (Sinon je crois que Sciamma se prénomme Céline et non Catherine, mais ça ne change à ce que je pense du film ;)
E
Plutôt d'accord avec vous : me suis beaucoup ennuyée.<br /> Première scène, le plongeon et l'arrivée sur la plage, rappelle La Leçon de Piano.<br /> Dernière scène grandiloquente et interminable, est-ce un exercice d'école ?<br /> Entre les deux beaucoup de vide et souvent dialogue incompréhensibles.<br /> Film esthétisant et glacial, aussi guindé que mademoiselle Haenel posant en robe verte.
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