L'adieu à la nuit
Le cinéma d'André Téchiné semble au fil du temps tendre vers un certain classicisme : personnages bien dessinés, intrigue qui se nourrit de l'interaction entre les protagonistes, montage classique, décors naturels magnifiés.
L'adieu à la nuit est de ce point de vue une vraie réussite. Catherine Deneuve excelle dans ce rôle de grand-mère terrienne, et pour son huitième film avec son complice André Téchiné, elle fait la preuve qu'elle est vraiment une actrice monstrueuse. Kacey Mottet Klein et Oulaya Hamamra (si vous pensez l'avoir déjà vu crever l'écran, ne cherchez pas, c'est dans Divines) fournissent à la grande Catherine une opposition de haut niveau.
Sur le sujet casse-gueule de la radicalisation, Téchiné réalise un quasi sans-faute. On perçoit que le film se base sur une soigneuse documentation, et la façon dont les modalités d'un exil en Syrie sont décrites est glaçante de précision (les coûts à engager, le rôle des intermédiaires...).
Les raisons de la radicalisation d'Alex ne sont qu'esquissées, mais le peu qu'on en comprend (une raison de vivre, une quête de pureté, un rejet du mode de vie occidental, l'absence de la mère) suffit à donner une vraie épaisseur à sa démarche.
La mise en scène est remarquablement vive et enlevée pour un monsieur de 76 ans.
En résumé, un bon moment, peut-être (et c'est le reproche principal qu'on peut faire au film) un peu trop long.
André Téchiné sur Christoblog : L'homme qu'on aimait trop - 2014 (**) / Quand on a 17 ans - 2016 (**) / Nos années folles - 2017 (***)
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