Gazette Séries Mania 2019
22 mars
Ouverture ce soir du Festival Séries Mania. Il y a un peu de Cannes à Lille ce soir : tapis rouge et photo call, commentaire en direct de Patrick Fabre (la voix qui commente la montée des marches sur la Croisette), et grande salle bondée (le Nouveau Siècle a un petit air de Grand Théâtre Lumière). Dans l'assistance, c'est amusant d'observer Xavier Bertrand et Martine Aubry assis en chien de faïence à quatre sièges l'un de l'autre. Dans le public, Anna Paquin, Freddie Highmore et les membres du jury, dont Julianna Margulies (The good wife, Urgences), Audrey Fleurot, Delphine Le Vigan et Thomas Lilti.
La série d'ouverture The red line (1/5), une production Warner projetée en première mondiale, est particulièrement mauvaise. Le premier épisode démarre par le meurtre accidentel d'un médecin afro-américain par un jeune policier blanc. S'en suit une série de péripéties extrêmement politiquement correctes (le médecin a un mari blanc et une fille adoptée noire, le flic injustement innocenté est un peu con, la mère de la petite fille adoptée se trouve être une jeune femme sympa et sexy qui se lance en politique), filmées avec une truelle, noyées sous une musique sentimentale envahissante et parsemées d'une multitude de plans aériens de Chicago qui ne servent à rien d'autre qu'à masquer la vacuité du script. Catastrophique.
23 mars
Pros and cons, qui sera diffusée sur Canal+ sous le nom d'Arnaques et thérapie (4/5) confirme le talent qu'ont les Danois pour produire de très bonnes séries. Le pitch est intéressant : trois arnaqueurs se retrouvent 17 ans après leurs méfaits, et doivent reprendre leurs coupables activités alors que deux d'entre eux ont désormais une vie normale et deux enfants. La série trouve d'emblée un très bon équilibre entre suspense, réalisme social, humour et comédie sentimentale. Les trois acteurs sont très bons.
En soirée, dans la grande salle de l'UGC bondée, je découvre la série british Flack (3/5). Il s'agit d'un Dix pour cent trash, dans lequel une agence de relations publiques est spécialisée dans la prise en charge des travers des stars : relations sexuelles en tous genres, drogues, etc. Anna Paquin est formidable dans le rôle principal, elle-même en proie à toutes sortes de problèmes psychologiques. La série est rythmée, caustique et faussement méchante. Le débat post-projection avec l'actrice canadienne, qu'on a vu dans X-men et True blood, mais aussi chez Baumbach et bientôt dans l'Irishman de Scorsese, a été très sympa. Une bonne soirée.
24 mars
Cet après-midi, rencontre avec Shane Meadows, le génial showrunner de This is England, pour deux épisodes de sa nouvelle série The virtues (3/5), présentée à Lille en première mondiale. Le gars est aussi sympathique et charismatique que l'image que j'en avais. The virtues est un peu too much dans le genre sordide (quelques scènes feraient passer Ken Loach pour un doux optimiste) et certains traits sont un peu trop appuyés, mais le tout est au final assez attachant. PJ Harvey signe la BO.
J'enchaîne ensuite à l'UGC pour assister à deux épisodes de Folklore (2/5), une anthologie produite par Eric Khoo (La saveur des Ramens), qui met en scène six histoires de fantômes, tournées dans six pays asiatiques différents. Le premier épisode, tourné en Indonésie par Joko Anwar, est assez habile, avec ses multiples niveaux de réalité. Le second, réalisé par Eric Khoo lui-même, est décevant : histoire éculée, tournage bâclé en trois jours et demi. Folklore est une exclusivité HBO Asia, et même si elle a été présentée à Toronto, Sitges et Austin, je ne pense qu'elle sera visible en France.
25 mars
Avant-première de la nouvelle série de Fabrice Gobert (Les revenants) ce soir au Nouveau Siècle : Mytho (4/5), produite par Arte. Du beau monde dedans puisqu'on y retrouve Marina Hands et Mathieu Demy, et que la musique, excellente, est signée Jean-Benoit Dunckel (la moitié de Air).
Le pitch est féroce et porteur de longs développements potentiels : une mère de famille débordée fait semblant d'avoir un cancer du sein pour capter l'attention - et l'amour - de ses proches. L'esthétique de cette série de six épisodes est un peu celui de Desperate housewifes en mode fantasque, avec une pointe de Twin Peaks. Si le premier épisode de présentation interloque un peu, l'ambiance s'obscurcit et se densifie dès le second. Une deuxième saison serait déjà en préparation. A voir à l'automne sur Arte.
26 mars
Ce soir, les nombreux spectateurs étaient plutôt venus voir Uma Thurman (cf ci-contre), que la série Chambers (1/5), une nouveauté Netflix dans laquelle elle joue un petit rôle, et qui sera disponible sur la plateforme le 26 avril.
Le pitch de Chambers est éculé : une jeune femme greffée du coeur à 17 ans se rapproche de la famille de la donneuse, et le fantôme de la disparue vient l'embêter. Peu d'originalité, des situations convenues, des maladresses et des incohérences, c'est le genre de série dont chaque effet est prévisible une minute à l'avance.
30 mars
Dernière séance ce matin avec les deux premiers épisodes de Eden (1/5), une série en 6 épisodes qui sera diffusée sur Arte au mois de mai. Eden raconte de façon chorale les destinées de plusieurs migrants : un jeune syrien en Allemagne, un ado nigérian en Grèce et un médecin en France.
L'écriture de la série est catastrophiquement atone, on ne s'intéresse absolument pas à ce qu'on voit, les dialogues sont très mal écrits et les acteurs ne semblent pas y croire. C'est une série "dossier" qui sent l'application et la naphtaline, sans souffle et sans dynamisme.
A l'année prochaine pour une nouvelle saison de Séries Mania.
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