Sorry to bother you
Le début de Sorry to bother you est prometteur. Le personnage joué par Lakeith Stanfield est assez amusant : jeune Noir fauché qui se découvre un talent surprenant pour la télévente grâce notamment à son accent « de blanc », qui l’aide à placer des ventes.
L’anecdote rappelle la voix de blanc qui permettait à Ron Stallworth d’infiltrer le Ku Klux Klan dans Blackkklansman : Sorrry to bother you évoque d'ailleurs dans sa première partie un peu le film de Spike Lee, par son allant et son énergie.
Alors que le spectateur se demande quel film il est exactement en train de regarder (comédie sentimentale légère ? critique sociale de la société de consommation ? film militant pour la cause noire ?), le réalisateur Boots Riley choisit d’emprunter une voie assez surprenante : celle de l’uchronie déjantée.
Sorry to bother you devient alors une farce dans laquelle un fantastique coloré et grinçant fleurit. On pourra ne pas suivre ce pari osé. J’ai été pour ma part autant dérouté que séduit, et il me faut admettre que le montage alerte du film et son scénario bien huilé ne laissent finalement que peu de place à l’ennui.
Il est peut-être dommage que Boots Riley reste assez sage dans son délire : il manque au film cet élément foutraque (que manie si bien Wes Anderson) qui le rendrait vraiment aimable. Une curiosité à voir, si vous aimez le cinéma US indépendant décalé.
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