Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christoblog

La mule

A la question "Que vaudrait le même film sans Clint Eastwood acteur ?", on peut objectivement répondre "Pas grand-chose", voire "Rien du tout".

La mule est en effet un film médiocre de plusieurs points de vue : un montage lymphatique, des personnages secondaires caricaturaux, un scénario anorexique, une mise en scène fainéante.

Le film ne vaut que par l'autoportrait un brin complaisant qu'il constitue. 

Pour résumer, voici ce que l'acteur veut nous faire comprendre : certes, je suis un égoïste insensible aux autres, un poil misogyne, raciste et homophobe, mais en réalité il faut me pardonner parce qu'à la fin tout le monde finit par m'aimer. Le film se résume en effet à cette démonstration : sa femme le déteste puis finit par mourir réconcilié avec lui, sa fille (jouée par Alison Eastwood, sa propre fille) le hait puis finit par l'inviter pour thanksgiving, le policier qui parvient à l'arrêter l'admire, les mafieux mexicains finissent tous par l'apprécier, même les plus durs d'entre eux, les Noirs qu'il traite de niggers lui répondent gentiment.

Le personnage d'Earl suscite l'attendrissement compassionnel comme le ferait un bébé. On pardonne tout au vieux et roué briscard, qu'on devine plutôt soutien de Trump que de Clinton ou Obama, comme l'est Eastwood lui-même.

Les effets émollients de cette auto-hagiographie finissent par atteindre aussi les spectateurs et les commentateurs, qui tous semblent perdre leur sens critique devant ce qui n'est qu'une pochade maladroite qui n'attirerait que les sarcasmes si elle était réalisée par un quidam : les courses se suivent d'une façon très ennuyeuse, les enjeux dramatiques sont ridiculement faibles et l'évolution des relations familiales versent finalement dans des torrents de mièvrerie lors de la réunion familiale.

A ne voir que si vous êtes fan du presque nonagénaire et réactionnaire réalisateur.

 

1e

Commenter cet article

F
Je ne crois pas faire partie des hébétés par le mythe tant j'ai détesté Invictus, 15h17 et quelques autres mais j'ai été sincèrement ému par ce film. Je trouve qu'il assume ses travers et qu'il tourne en dérision certains aspects médiocres de sa personnalité. A côté de ça se dégage une force de la nature poursuivant sa route envers et contre tout. Pitoyable et admirable, il prend peut-être ses rêves pour des réalités puisque la rédemption sur le tard est parfaite mais il n'est pas interdit de rêver :)
Répondre
F
C'est une version réussie du "Salaud on t'aime !" de Lelouch :P
B
Voici LA critique la plus sensée et la plus lucide ! Bravo et merci. Enfin un critique non pétrifié ni au garde à vous devant un Mythe vivant et … débilitant. De plus en plus déçu par Clint qui hélas ne se bonifie pas en vieillissant. Film de vioc autocomplaisant, poussif, qui tourne sinon à vide, du moins à très petit régime : c'est égocentré, roublard, mollasson, peu vraisemblable, larmoyant et interminable sur la fin et mal ficelé. Un somptueux navet.
Répondre
C
Merci, je me sens moins seul !