Ayka
Ayka est une plongée en apnée dans une Moscou glauque et boueuse, une sorte de toboggan sordide dans lequel on se laisse glisser sans opportunité de faire marche arrière ou même de freiner, un canto doloriste dans lequel une Madonne orientale tente de ne pas subir un calvaire qui paraît pourtant inévitable.
Par bien des aspects, Ayka pourra rebuter : certains lui reprocheront une accumulation de malheurs plus dégueulasses les uns que les autres, d'autres trouveront que le style caméra à l'épaule pour suivre une pauvre victime a été à la fois initié et conclu par les Dardenne avec Rosetta.
Il y a pourtant dans ce film bien des éléments intéressants pourvu qu'on ne soit pas trop sensible aux hémorragies internes et à l'injustice : une façon de filmer proche de la virtuosité, une urgence fiévreuse qui capte à merveille l'âme russe et son âpreté, une interprétation exceptionnelle qui a valu à Samal Yeslyamova le prix d'interprétation féminine à Cannes et enfin l'impression que chaque minute peut être la dernière de sa vie si Ayka prend la mauvaise décision.
Dur mais beau.
Sergey Dvortsevoy sur Christoblog : Tulpan - 2009 (**)
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