Western
Après le merveilleux Toni Erdmann, sommes nous en train d'assister à la naissance d'une nouvelle vague allemande, chaperonnée par sa réalisatrice, Maren Ade, qui a justement produit Western ?
On peut se le demander, tant ce film partage de points communs avec Toni Erdmann : même distance, dont on ne saurait dire si elle est amusée ou critique (ou les deux), même façon d'égarer un peu le spectateur dans un récit qui semble incontrôlé et conduit par la succession d'évènements improbables (mais qui est certainement au contraire très maîtrisé).
Le film est intéressant par de nombreux aspects plutôt originaux : le vrai travail des ouvriers de travaux publics est montré avec un réalisme confondant, le personnage principal est très charismatique et toute l'intrigue peut être regardée sous l'angle d'une Europe à deux vitesses, ou d'un nouveau type de colonisation (il s'agit d'une équipe de travailleurs allemands, isolée dans un coin perdu de Bulgarie).
La tension psychologique qu'arrive à installer la réalisatrice Valeska Grisebach est par instant prenante, et plusieurs scènes sont d'une grande force dans le genre "incommunicabilité" et "le pire va arriver, c'est sûr".
Le point faible du film, mais c'est aussi en partie son charme, tient dans ses vides, ses creux, ses temps morts, ses clichés parfois mollassons.
Je conseille ce film aux cinéphiles prêts à prendre leur temps, curieux de découvrir une oeuvre finalement assez originale.
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