Noces
On aura rarement autant ressenti le poids des traditions tribales et familiales que dans ce film.
La famille de Zahira, d'origine pakistanaise, est bien intégrée en Belgique. Tout le monde dans la famille, est sympathique, ouvert d'esprit. Jusqu'au moment où Zahira doit se marier...
Pas question de religion ici, mais simplement de conventions, et conséquemment, d'honneur, la grande affaire. Se mésallier, dans la communauté de Zahira, c'est perdre la face, et il n'en est simplement pas question. On mesure parfaitement dans le film l'importance relative des droits de l'homme (et de la femme) et de la tradition, et on voit très bien que la vraie différence entre la famille de Zahira et celle de sa copine se situe dans l'inversion de ce rapport.
La grande qualité du film du jeune réalisateur belge Stephen Streker est de montrer tout cela avec une belle empathie envers tous ses personnages, sans didactisme, mais en s'attachant à mettre de la chair et des émotions derrière les réactions de tous les protagonistes. Le scénario parvient à maintenir une intensité dramatique sur la durée, en évitant tous les chausse-trappes inhérents à son sujet.
La jeune actrice Lina El Arabi est absolument renversante, pleine de vie et d'assurance, sorte d'Antigone des temps modernes. La mise en scène est d'une élégance racée, multipliant les bonnes idées (le travail sur la bande-son lors de la fête) et les effets subtils au service de la narration.
On est parfois ébranlés par les arguments ou les attitudes de la famille de Zahira (l'argument du père sur les célibataires dans la société belge, les manipulations de la soeur), jusqu'au dénouement, qui est bouleversant même s'il est attendu. Le générique de fin, à l'image du film, est brillant et glaçant.
Un grand film.
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