Frantz
Il faut reconnaître à François Ozon une capacité unique à changer totalement d'univers d'un film à l'autre, tout en restant fidèle à ses problématiques préférées.
C'est plus ou moins réussi suivant les films, mais on a toujours le plaisir de la découverte et de la surprise.
Avec Frantz, Ozon tente un pari risqué : faire un remake d'un film oublié de Lubitsch (et son plus gros échec commercial), en noir et blanc, et en allemand. On imagine la moue dubitative des producteurs...
Le résultat est très réussi. Je me suis laissé emporté par cette intrigue étonnante, qui semble au départ limpide et tendue comme un arc, avant de bifurquer vers des directions tout à fait improbables. Durant toute la première partie, Ozon joue habilement avec ce qu'on croit savoir de lui et de son cinéma (j'essaye de ne pas trop spoiler), et c'est très bien fait.
Le film présente de nombreuses qualités au rang desquelles on peut citer une interprétation parfaite (quelle découverte que l'actrice Paula Beer !), une grande finesse dans les approches psychologiques, un suspense teinté de nostalgie qui m'a rappellé les récents films d'Almodovar, une science aigüe des décors (intérieurs et extérieurs), une résonance politique avec l'actualité (Brexit, réconciliation), etc.
Un bon moment de cinéma, étonnamment chaste et retenu pour un Ozon !
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