Que viva Eisenstein !
Le cinéma de Peter Greenaway a atteint un tel degré de sophistication qu'il devient inadéquat d'en parler comme d'un simple film.
Il faudrait plutôt évoquer une expérience visuelle, sensorielle et intellectuelle.
Un exemple : le film est construit comme un club sandwich. Le premier plan est une portière qui claque, le dernier aussi, le deuxième plan montre des mouches, l'avant-dernier aussi, etc. Pile au centre de ce palindrome propre à rendre le monteur du film complètement fou, figure une scène emblématique, dans laquelle l'amant de Eisentein enfonce dans l'anus de ce dernier un drapeau bolchévique.
Voilà à quoi ressemble ce qu'on ne peut plus appeler vraiment un film.
Si je n'ai plus suivi Greenaway dans ces dernières élucubrations, Que viva Eisenstein ! a réussi à capter mon attention par deux aspects.
D'abord le film offre un éclairage documentaire passionnant sur la personnalité et les voyages du réalisateur russe. Son passage aux Etats-Unis, ses rencontres diverses (avec Chaplin par exemple), forme un arrière-plan saisissant.
Le deuxième intérêt du film réside dans l'histoire d'amour d'Eisenstein avec son amant mexicain, et sa découverte d'une sexualité longtemps refoulée. Greenaway trouve ici une façon de capter la tendresse et la sensualité qui n'est pas si courante chez lui.
Pour apprécier ces points il faut cependant que le spectateur accepte les innombrables tics formels du réalisateur : montage épileptique, travellings circulaires qui donnent le tournis, split screen syncopé.
Un film excité du bocal.
Peter greenaway sur Christoblog : Goltzius et la compagnie du pélican (**)
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