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Christoblog

Une seconde mère

Relatif succès au box-office (dans la catégorie des films d'auteurs du Sud très peu vus), Une seconde mère est un film âpre et relativement amer.

Une femme de ménage (prétendument) intégrée dans sa famille d'employeurs doit accueillir sa fille temporairement. Cette dernière est moderne et n'accepte pas vraiment les relations maître / domestique que sa mère semble considérer comme naturelles.

La réalisatrice Anne Muylaert compose sur cette trame très sociale une mélodie plutôt désaccordée, mélange de comédie de moeurs, de critique de la société brésilienne et de portrait attendri d'une femme de caractère. 

Il y a de quoi être déconcerté par ce film à la fois aimable et désordonné, qui semble hésiter tout du long à être résolument caustique ou franchement optimiste. 

On pourra s'amuser à constater que son thème est très proche d'un récent film colombien ayant eu un certain succès d'estime : Gente de bien (domestiques, scènes de piscine, rapport de filiation). Ce dernier versait franchement dans le constat glacé alors qu'on est plutôt ici dans un entre-deux à mi-chemin entre télénovelas et Théorème.

Un film intéressant, mais complètement survendu par la presse : il n'est ni "euphorisant" (Marie-Claire), ni un "feel good movie lumineux" (Les inrocks), ni "une comédie jubilatoire" (Télérama).

Il est plutôt une fable grinçante.

 

 3e

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P
d'accord encore dans l'ensemble avec toi mais j'ai trouvé la fin jubilatoire (scène de la piscine).<br /> Mais j'ai bien peur qu'elle soit très (trop) optimiste. Je ne crois pas que ce "remplacement" par la vraie méritocratie se passe de nos jours ou se passera prochainement.
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B
Avec un scope plus ouvert que la Gente de bien (que pour le coup j'avais trouvé sur-vendu), ce film a les qualités de ses défauts car il n'a pas choisi entre la satire sociale et le feel good moovie, ce qui l'autorise à conjuguer gravité sur le fond et légèreté sur la forme. Là où ça se complique, c'est sur la multiplicité des pistes ouvertes sur le fond : désespérance bourgeoise, fiction d'unité familiale, solitude et misère du couple post-moderne, reproduction sociale, intériorisation d'un système de caste de fait, sentiments mêlés entre admiration et pitié pour chacun des personnages; mais c'est peut-être aussi l'habileté de ce film de faire état d'une réalité délibérément regardée comme complexe, et de le faire avec finesse, de manière distrayante sans être superficielle. Perso, je le conseille, et ma note aurait plutôt frôlé les 3 étoiles.
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C
Tu as raison, j'hésitais entre 2 et 3 étoiles, mais le film mérite 3. Content de te retrouver sur Christoblog après un petit moment d'absence....
M
Peut-être pour de mauvaises raisons, cette chronique d'un retour redouté autant qu'espéré m'a enchanté. Certes, ce n'est ni "euphorisant" ni "jubilatoire", simplement humain, bien observé, souvent drôle, parfois âpre car sur fond de lutte des classes heureusement point trop manichéenn ici. Et un tant attendu happy-end entre rires et larmes ! Bref, je me répète, dans la catégorie "à découvrir", UNE SECONDE MÈRE m'a tout simplement et bêtement enchanté.
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C
Merci d'être fidèle à Christoblog et toujours heureux de voir que nos avis convergent.... la plupart du temps !