Dear white people
J'ai deux problèmes avec ce film : le fond et la forme.
D'abord sur le fond, Dear white people ressuscite une sorte de racisme black envers les Blancs. Quel sens a aujourd'hui ce tableau d'une confrérie black power luttant pour la reconnaissance de sa culture, et ostracisant les Blancs de sa "zone" ? Dans l'Amérique d'Obama tout cela sent le réchauffé : le Malcolm X à la petite semaine, le Spike Lee antidaté.
Comprenons-nous bien : je ne dis pas que les problèmes de racisme n'existent plus aux Etats Unis (cf Ferguson), mais que leur représentation ne transite plus aujourd'hui par la promotion de la négritude et autres balivernes.
D'ailleurs, le film ne sait pas trop sur quel pied danser exactement. Ses tentatives de catégorisations à la hussarde (les trois types de Blacks, sur le mode des trois types de .... gays ? d'asiats ? de rebeux ?) n'entrent pas vraiment en résonance avec le monde contemporain.
Sur la forme, le film de Justin Simien (récompensé à Sundance), verse dans un formalisme outrancier qui s'épuise sur la distance : faux campus reconstitué, tableaux vivants, cartons de film muet, ralentis expressifs. C'est lourd, désuet et truffé de références inconnues du grand public européen.
Dear white people manque toutes ses cibles. En romcomisant son intrigue il affadit son propos (quels développements stupides sur la fin : couples mixtes hétéro et gays, et même le papa blanc de l'héroïne black, bouh, sortez les mouchoirs). En stigmatisant ses protagonistes, il empêche l'identification.
Un film aussi original qu'inutile.
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