Hope
Des films sur les migrants, on en a vu des tas. En provenance de France, d'Amérique du Sud, de Grèce, d'Europe de l'Est.
Mais jamais l'impression d'approcher la réalité de la vie des migrants durant leur voyage n'a été aussi grande que dans ce premier film de Boris Lojkine.
Une précision pour commencer : il s'agit bien ici d'une fiction, mais les deux personnages principaux sont incarnés par de vrais candidats à l'exil vers l'Europe, purs amateurs découverts par le réalisateur dans les ghettos de Rabat. Il n'y a d'ailleurs aucun acteur professionnel dans le film. Parmi les interprètes on trouve ainsi de vrais bandits et faussaires.
Hope est à la fois beau (quelle lumière, de nuit comme de jour !), impressionnant par son aspect documentaire (les différents ghettos communautaires) et émouvant (grâce à Justin Wang et Endurance - la bien nommée - Newton, magnifiques tous les deux).
On comprend parfaitement en regardant le film que le business des migrants obéit à des lois économiques classiques, c'est à la fois affreusement banal et terriblement inquiétant. Ce que les hommes sont capables de faire aux hommes (et aux femmes) est effrayant.
Le film restitue à la perfection l'horreur de la situation. L'innocence, l'espoir et l'amour sont brisés par la cupidité et le désir de pouvoir de quelques caïds, ainsi que par l'indifférence des populations spectatrices du drame (Algériens et Marocains), il faut dire en proie à d'autres types de difficultés.
Un très beau moment de cinéma, émaillé de scènes exceptionelles, comme le mariage ou la cérémonie vaudou.
A voir absolument.
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